D’après le ministère de la Santé, 60 à 70% des décisions cliniques se fondent sur les résultats d’examens de biologie médicale. Dans les cas d’urgence, où des produits vitaux comme le sang, les médicaments ou le lait maternel, le drone permet une réactivité essentielle et offre de nouveaux horizons pour améliorer l’efficacité des soins.
Les drones actuellement testés, appelés VTOL (Vertical Take-Off and Landing), peuvent transporter une charge de 3 à 4 kg, à des vitesses comprises entre 90 et 120km/h et à une altitude de 100 mètres du sol. Des « vertiports », installés sur des espaces sécurisés, leur permettent de décoller et d’atterrir. Ces drones peuvent survoler des territoires aux infrastructures de transport insuffisantes et/ou embouteillées, contribuant ainsi à réduire les délais de livraison en milieu hospitalier.
Une solution écologique et rapide
Le drone présente également un avantage écologique majeur : il émet jusqu’à 95 % de moins de gaz à effet de serre que les véhicules routiers classiques et génère moins de pollution sonore.
Selon le cofondateur d’une des start-ups spécialisées dans ce domaine, le transport par drone peut diviser les délais de livraison par deux, ce qui est essentiel pour les interventions d’urgence et pour harmoniser la qualité du service pour l’ensemble de la population tout en réduisant l’empreinte carbone du secteur de la santé.
Des normes de sécurité élevées et des dispositifs adaptés
Les produits transportés nécessitent une maîtrise de la température, ambiante (18-25°), froide (0-4°) ou négatives. Des sacoches renforcées et fabriquées spécifiquement pour ce type de déplacement ont été testées et labellisées afin de prévenir toute dispersion des prélèvements en cas de crash.
Les tests comparatifs avec les transports terrestres font apparaître de rares différences, sans impact sur l’interprétation clinique des échantillons sanguins.
Des défis réglementaires
Le drone bouleverse les organisations, les pratiques et les relations interinstitutionnelles.
Soumis à des contraintes administratives et une réglementation stricte en Europe et en France, les vols doivent être supervisés à distance par des télépilotes agréés, avec un couloir aérien octroyé par la DSCA (Direction de la Sécurité de l’Aviation Civile) pour limiter les risques liés au survol de zones peuplées.
Rentabilité financière
Bien que le coût d’un drone puisse fortement varier, le facteur humain et la réduction des coûts logistiques permettent la rentabilité financière qui est plébiscitée par tous les projets.
Des financements ont été rendus possibles par les Agences Régionales de Santé et les conseils départementaux.
Expérimentations prometteuses en France et à l’international
En Afrique, les réglementations étant de moindre exigence, le drone est déjà effectif pour le transport de médicaments, de vaccins ou de poches de sang tels qu’au CHU de Butare au Rwanda et au Konongo Hospital au Ghana.
Dès 2020, aux Etats-Unis, le CHU de San Diego l’a testé entre deux de ses hôpitaux et l’un de ses laboratoires pour des échantillons médicaux, des fournitures et des documents.
En France, des partenariats de développement sont signés dès 2019 entre des hôpitaux comme l’AP-HP ou le CHU de Nantes et des sociétés innovantes qui se sont lancées sur ce créneau.
Dès 2022, l’Hôpital Privé de Provence a mené des tests entre l’Établissement français du sang et son site principal avec un drone-avion pour une distance de 13 km en passant de 30 à moins de 10 minutes.
En juillet 2023, le Laboratoire de biologie médicale Sambre Hainaut Artois Biologie a entamé des tests de transferts entre les CH de Valenciennes et de Maubeuge.
Puis le GHT Somme Littoral Sud, mené par le CHU d’Amiens, a lancé le Projet « Air GHT » avec le CH d’Abbeville, le CH de Montreuil-sur-Mer.
Les expérimentations se poursuivent depuis le mois d’octobre 2024 afin de vérifier scientifiquement dans des conditions réelles, vitesse de 100km/h et altitude de 100 mètres du sol, la faisabilité de l’acheminement de prélèvements biologiques et de biberons pour prématurés. Une zone réglementée temporaire de 99 km a été octroyée par la DSCA.
Un avenir prometteur pour le transport médical par drone
L’avenir des drones dans le transport médical semble prometteur et pourrait devenir un standard à la fin de la décennie pour le transfert de prélèvements sanguins, de poches de sang, de lait maternel ou de médicaments, dans les zones rurales autant que dans les zones à forte densité de population. Avec une amélioration de l’accessibilité, une réduction des délais, des coûts et de l’empreinte carbone de transport et une capacité à répondre efficacement aux urgences, le drone représente un véritable tournant pour la logistique hospitalière. Avec des efforts continus en matière de réglementation et de collaboration communautaire, cette technologie pourrait transformer le paysage de la santé.
Sources :
https://achat-logistique.info/logistique/air-ght-reprend-son-envol/
https://achat-logistique.info/logistique/transport-par-drone-pas-dimpact-sur-les-echantillons-de-biologie/
https://achat-logistique.info/innovation/drones-le-projet-du-ght-somme-littoral-sud-en-attente-de-decollage/
https://achat-logistique.info/innovation/drone-vol-dessai-pour-le-gcs-shab/
https://www.voxlog.fr/actualite/6566/sante-des-echantillons-de-sang-transportes-par-drone
https://www.7sur7.be/belgique/un-drone-a-transporte-des-tissus-humains-entre-deux-hopitaux-a-anvers-une-premiere-en-europe~acf0db5a/?referrer=https%3a%2f%2fwww.ecosia.org%2f