L’urgence dans le transport est souvent la conséquence d’une mauvaise anticipation des commandes ou de pratiques commerciales de livraison instantanée. En anticipant l’urgence, le transporteur peut organiser les flux et intégrer ces livraisons rapides dans des tournées programmées.
Intégrer les courses urgentes dans des tournées, c’est réduire leur impact environnemental et économique
Les moyens de livraison mis en place par un transporteur dépendent de plusieurs facteurs : la typologie des charges transportées (par exemple des colis, des palettes, des produits frais), la configuration de la zone de livraison (hypercentre urbain, zone périphérique, rural) et les contraintes qui lui sont imposées, notamment les délais convenus avec le client.
Si la livraison est urgente, par exemple une pièce détachée à livrer en une heure, un véhicule le plus rapide possible pour acheminer cette pièce est affecté. C’est une course dédiée. Le véhicule, parfois un scooter si la volumétrie est faible, part spécialement du point de départ de l’entrepôt au destinataire final.
La course dédiée correspond à un service souvent justifié, mais a un impact environnemental certain. C’est un véhicule rapide, souvent polluant, et trop souvent mal optimisé, qui ne va effectuer qu’une seule livraison.
Pour réduire cet impact environnemental, et le coût d’un véhicule dédié, il faut alors trouver des solutions de mutualisation des flux.
Si l’organisation en place le permet, notamment par la densité de points de livraison, le véhicule de courses urgentes peut potentiellement effectuer des mini-tournées avec 2, 3 ou 4 livraisons. Cela reste toutefois hypothétique, dans la mesure où il faut conjuguer optimisation et délai. La promesse client passe avant tout et aide à définir la solution mise en œuvre.
Les technologies de plateformes peuvent permettre de partager des informations entre différents opérateurs de courses urgentes afin d’optimiser les flux. Ces technologies aident à choisir un livreur qui se situe à proximité immédiate du point de départ, permettant d’optimiser le parcours.
Mais le vrai enjeu de la mutualisation consiste à utiliser pour les courses urgentes les véhicules de tournées programmées. Une tournée de 30, 40 ou 50 points de livraison intègre souvent déjà des contraintes. Ces contraintes peuvent être des créneaux de livraison, et de plus en plus souvent des commandes urgentes. Le livreur, dans sa zone de livraison, débute logiquement par les livraisons avec contrainte forte (par exemple livraison avant 10h), puis effectue les livraisons ordinaires.
Utiliser ces véhicules pour y intégrer des livraisons de courses urgentes permet de mieux mutualiser les moyens, de réduire le coût de la course urgente et son impact environnemental.
Les vraies questions sont alors : qu’est-ce que l’urgence et quelle est son utilité ?
L’étymologie du mot nous renvoie à la notion de nécessité pressante, de contrainte, d’obligation.
Livrer une pièce pour réparer un ascenseur ou un véhicule en panne correspond à une urgence évidente. Soigner un blessé est le cas extrême de l’urgence médicale. Livrer un panier de courses alimentaires ou un cadeau en urgence relève d’une pratique commerciale plus que d’un besoin réel.
La multiplicité des contraintes et la pression mise sur le livreur est trop souvent inutile. Dans le récent film « Sorry we missed you », Ken Loach nous montre la caricature de l’urgence dans le transport et le stress qu’il procure sur le livreur, contraint à respecter un engagement horaire à la minute, au risque d’une notation négative.
Trop souvent, la notion d’urgence est ancrée dans les habitudes des entreprises. Ainsi, des liaisons quotidiennes entre 2 sites sont considérées comme urgentes alors qu’elles sont régulières et programmables.
L’urgence est aussi parfois la conséquence d’une non-qualité ou d’une mauvaise gestion des stocks. Nous la retrouvons dans le fret aérien, pas toujours nécessaire, et dans le transport local, parfois effectué en urgence du fait d’une erreur d’anticipation en amont.
Si l’urgence continuera d’exister, l’anticipation et l’organisation des livraisons peut permettre de mieux gérer ces flux, en en réduisant l’impact environnemental et économique. C’est en anticipant l’urgence que le transporteur pourra alors proposer d’intégrer ces flux dans des tournées optimisées et mutualisées.