La sécurité et la santé au travail, sujet central dans toutes les entreprises, revêt un caractère particulier pour la livraison du dernier kilomètre. Situations à risques, évolution du secteur, mais aussi bonnes pratiques. Le salon Préventica, pour la première fois, traite ce sujet spécifique de la logistique.

En travaillant à l’extérieur, le livreur est soumis aux contraintes des aménagements urbains et de la circulation. L’uberisation du dernier kilomètre multiplie les risques déjà importants pour le livreur.

Le salon Préventica, centré sur la santé, la sécurité et la qualité de vie au travail, s’est tenu à Paris du 21 au 23 mai.

Les exposants présentaient les dernières innovations, notamment celles qui concernent la préhension et la manipulation des marchandises.

Les exposants proposaient des robots de prélèvement de colis et des modèles de chariots ajustables en hauteur afin d’agir sur les troubles musculosquelettiques (TMS) et réduire la pénibilité du travail, en site logistique comme lors du chargement des véhicules.

Les fournisseurs d’EPI (Equipement de Protection Individuelle) étaient particulièrement présents sur Préventica. Nous avons notamment relevé un modèle de consigne automatique distributeur d’EPI dans des entreprises, qui permet à la fois de contrôler la distribution, mais aussi de donner un accès facile à ces équipements indispensables à la sécurité.

Un des points forts du salon a été la conférence organisée par l’Aslog sur les conditions de travail, santé et sécurité des livraisons urbaines.

Si la sécurité sur un site logistique clos est soumise à des contraintes et règles précises, il n’en est pas de même pour la livraison du dernier kilomètre.

Les statistiques indiquent que, pour de multiples raisons, ces livraisons sont deux fois sur trois réalisées en dehors des aires de stationnement. Les véhicules sont donc souvent en double-file ou stationnés de façon provisoire à l’emplacement le moins gênant, proche du point de destination.

Le livreur travaille à l’extérieur, le plus souvent dans un environnement non sécurisé et non prévu à cet effet. Ces conditions de travail dans les grandes villes n’ont fait que s’aggraver au fil des ans du fait de la multiplication des obstacles physiques : bordures pour séparer une piste cyclable, plots pour interdire le stationnement de voitures ou trottoir. Ce sont là autant de situations à risques pour le livreur qui, selon la typologie des livraisons va, entre 20 et 100 fois par jour, quitter sa cabine, ouvrir les portes du véhicule, décharger un colis ou une palette, l’acheminer au point de livraison.

Autre sujet abordé lors de cette conférence, l’augmentation du risque d’accidents liés à la rémunération à la tâche du livreur, notamment dans des modèles « uberisés » comme ceux que nous constatons dans les livraisons « instantanées » à vélo. Le livreur est rémunéré à la tâche avec des délais contraints. Il est donc en situation vulnérable.

Autant de situations à risques qui ne vont pas dans le sens de la valorisation du métier de livreur, fonction pourtant indispensable au développement économique et commercial des agglomérations.

Un des points relevés lors cet événement est le manque de données sur l’accidentologie durant la livraison du dernier kilomètre. L’étude précise de ces statistiques permettrait de réduire les situations à risques. Elle permettrait aussi d’aider à mettre en valeur les bonnes pratiques.

Les solutions à apporter sont multiples. Il s’agit notamment d’un travail de sensibilisation des acteurs publics pour l’aménagement des espaces extérieurs. La fonction de livraison du dernier kilomètre est souvent oubliée dans les étapes de concertation et de décision sur ces aménagements.

Autre initiative présentée lors de cette conférence, celle du club Demeter, qui a créé une formation de conducteur livreur ambassadeur. L’objectif de cette formation est clairement affiché : valoriser le métier de conducteur, en priorité urbain, car les tensions y sont exacerbées.

De nombreuses entreprises de transport ont fait le choix de la formation aux conditions de travail, à la manipulation des charges, à l’évolution dans l’environnement extérieur, mais aussi à l’écoconduite. Certaines entreprises vont encore plus loin en s’engageant dans le cadre de la charte « Objectif CO² » de l’Ademe. Le livreur est alors valorisé au travers d’une démarche environnementale. La formation et la mise en valeur du livreur constituent des moyens constructifs de faire face aux difficultés mentionnées.

Ces bonnes pratiques peuvent alors s’intégrer dans un travail de sensibilisation du destinataire, entreprise ou particulier, sur sa décision de choix d’une solution de livraison. Le livreur, par son comportement, ses pratiques quotidiennes et sa formation est aussi le premier ambassadeur du transporteur.

Plus que jamais, la sécurité de la livraison et les conditions de travail du conducteur sont au cœur du modèle choisi de logistique urbaine.