La livraison du dernier kilomètre en drone trouvera un modèle économique dans des zones reculées, notamment en Afrique. Le drone permet de livrer rapidement des produits sanguins et de collecter des prélèvements dans des zones mal desservies par la route ou dans des situations d’urgence.

En 2013, nous découvrions sur les réseaux sociaux des tests de livraison par drone pour des colis, des pizzas ou des jouets. Les grands acteurs du transport de colis, du e-commerce ou de la restauration rivalisaient d’imagination et d’initiatives pour montrer le champ des possibles qui s’ouvre à ce nouveau mode de transport du dernier kilomètre.

L’avion sans pilote, dont l’histoire remonte à la Première Guerre Mondiale, trouve alors d’autres applications que la guerre ou la photographie. Il peut être utilisé pour livrer des marchandises. Mieux encore, ce mode de livraison est décarboné et économique.

Comme dans d’autres secteurs, la technologie a pris le devant et la fiabilité des matériels s’est accrue de façon considérable.

Les premières autorisations régulières émergent

Au CES 2020 de Las Vegas, pas moins de 165 entreprises du monde entier proposaient des solutions d’utilisation des drones, notamment pour la livraison. L’autonomie, comme la charge transportée, augmentent régulièrement. Les aléas liés à la météo sont progressivement levés. La technologie du transport par drone sera bientôt parfaitement opérationnelle.

Les blocages administratifs sont pourtant timidement levés. Nous relevons notamment, en Chine, la première licence de transport par drone accordée en octobre 2019 à Antwork Technology, qui utilisera les couloirs définis par les rivières urbaines, afin de limiter les risques. Aux Etats-Unis, UPS et Fedex ont obtenu, sur des lignes très spécifiques, des autorisations de la FAA.

Au-delà de l’aspect marketing, les principales questions qui se posent sont alors où et pourquoi ? Sur quels territoires utiliser les drones et pourquoi les utiliser plutôt qu’un autre mode de transport ?

Les réponses sont en fait assez simples et permettent d’imaginer les modèles opérationnels et économiques.

L’intérêt du drone est de livrer des produits très rapidement dans des secteurs peu accessibles par la route. Nous pensons donc à des îles, des secteurs montagneux, des situations d’urgence, mais aussi des pays mal desservis, notamment en Afrique.

En Afrique, le drone est roi

La startup néerlandaise Wing for Aid, spécialisée dans la livraison en drone, estime que, dans le monde, 20 millions de personnes, sur les 100 millions estimés en situation d’urgence sanitaire, ne peuvent pas être livrés par des moyens traditionnels.

Le drone apporte alors une réponse à l’urgence. Il est rapide et assez économique.

Livrer des médicaments, des produits sanguins ou des vaccins, dans des secteurs mal desservis ou en urgence a du sens et correspond à un vrai besoin, sur de nombreux territoires. Le drone peut aussi permettre de transporter des prélèvements médicaux.

Dans ce nouveau monde de la livraison en drone, c’est l’Afrique de l’Est qui fait depuis plusieurs années figure de pionnière. La start-up californienne Zipline, créée en 2014, a déjà réalisé 28 000 transports en drones, en particulier dans les zones reculées du Rwanda. C’est d’ailleurs à Kigali qu’a eu lieu, du 5 au 7 février 2020 l’African Drone Forum.

La Tanzanie mise également sur les transports de produits de santé en drone. Une ligne mise en place par DHL avec le fabricant allemand Wingcopter et GIZ permet de desservir une île peuplée de 400 000 habitants sur le lac Victoria. Le drone livre des produits sanguins mais transporte aussi, sur le trajet retour, des prélèvements. Le drone effectue en 40 minutes seulement ce trajet de 60 kilomètres.

Sur ce même territoire a lieu tous les ans le Lake Victoria Challenge, compétition de drones de livraison de colis. Cette compétition est basée sur la précision de la livraison, mais aussi de la collecte de produits de santé, sur une île située à 20 km de la côte.

Compétition unique dans son genre, elle a pour but de stimuler les innovations, mais aussi de montrer que le drone peut apporter des solutions nouvelles pour améliorer la santé des 30 millions d’habitants de cette région.

Ce déploiement en Afrique et ailleurs dans le monde du transport par drone préfigure-t-il alors de nouveaux usages pour les zones urbaines européennes ? On peut en tout cas mettre en évidence l’intérêt des industriels, comme Airbus, Azur Drone ou Atos. Les premiers usages en France, en dehors de lignes dans des zones reculées, sont des transferts de prélèvements ou produits sanguins entre des établissements hospitaliers. Le drone peut alors remplacer des transports routiers en urgence et annonce l’hôpital du futur.

Sources : https://www.africandroneforum.org/