Livrer les stations de ski nécessite anticipation mais aussi adaptation aux conditions d’accès et climatiques. Les stations cherchent à améliorer leur image en mettant en place des solutions décarbonées mais aussi des services aux vacanciers. Comment trouver un juste équilibre ?

La livraison du dernier kilomètre dans les stations de montagne relève souvent du défi, notamment en période hivernale. Concentration des flux sur un espace réduit et dédié aux vacanciers, accessibilité dans des conditions hivernales, volume de marchandises important du fait de la croissance de la population.… A ces contraintes s’ajoute légitimement la volonté d’améliorer l’impact environnemental des stations.

Pourtant, une station de montagne sans marchandises ne fonctionne pas. Quels sont les enjeux ? Des bonnes pratiques sont-elles possibles et lesquelles ?

Comment maîtriser les flux ?

Une station de montagne est, plus encore qu’une ville, un espace de consommation. La population des stations est parfois multipliée par 10 ou plus durant la période hivernale. Ainsi, Morzine-Avoriaz passe de 3 000 à 40 000 habitants. Zermatt, dans le canton suisse du Valais, connaît une croissance de sa population de 5800 à 35 000 habitants entre la basse et la haute saison.

Les flux de marchandises évoluent dans des proportions identiques et même probablement plus encore pour le secteur Cafés-Hôtels-Restaurants. Une étude effectuée à Avoriaz avait montré qu’en quelques heures, il est livré le samedi 47 tonnes de marchandises représentant un volume de170 m3.

Les flux logistiques des stations concernent aussi les supermarchés et les superettes, les pharmacies, qui sont particulièrement sollicitées, les équipements de sport, d’autres produits non alimentaires … et les déchets.

C’est probablement sur ce dernier secteur que les efforts doivent porter en priorité, la collecte étant souvent complexe et le tri insuffisant.

L’association Mountain Riders, lauréate d’un appel à manifestation d’intérêt de Citeo, a mis en place une charte nationale « montagne zéro déchet sauvage en 2030 ». Le chemin à parcourir est long quand on sait que cette association collecte chaque année 30 tonnes de déchets abandonnés dans le milieu naturel. Il reste maintenant à convaincre les communes. En septembre 2023, Megève est devenue la première station à signer cette charte.

S’adapter au contexte local

Certaines stations rivalisent d’initiatives afin de réduire leur impact environnemental et de mettre en place des solutions décarbonées de livraison du dernier kilomètre.

Plusieurs stations font figure d’exemple, comme Zermatt, Avoriaz ou Serre-Chevalier.

A Zermatt, la principale rue, la Banhofstrasse, particulièrement dense en commerces de tous types, est tout simplement interdite aux véhicules motorisés. Un terminal ferroviaire permet l’acheminement des marchandises. Puis elles sont déposées dans un espace logistique à l’entrée de la ville. Le transport du dernier kilomètre est effectué en véhicules électriques, mais aussi en calèches pour approvisionner les commerces de la Banhofstrasse !

Avoriaz constitue un cas particulier. La station s’affiche depuis sa création, il y a plus d’un demi-siècle, comme une station piétonne. Les voitures sont garées à l’entrée. Les transports de personnes, mais aussi de marchandises s’effectuent en traineau et en chenillettes.

Les stations sont en général extrêmement sollicitées par les vacanciers sur trois créneaux : 8h-10h, en milieu de journée, puis à partir de 16h. Les livraisons sont alors en conflit avec les activités de la station durant ces périodes. A Avoriaz, le choix a été fait de livrer les commerces très tôt le matin et seulement 3 jours par semaine.

Serre-Chevalier s’affiche comme un exemple de station ayant pleinement pris conscience de son impact environnemental. La stratégie bas carbone mise en place dès 2007 vise une neutralité carbone en 2050. La station investit dans des éoliennes et des sites de production photovoltaïque. Les dameuses fonctionnent au HVO[1]. Mais une étude réalisée montre que 52% des émissions de GES des stations de ski proviennent des transports, de personnes mais aussi de marchandises…

Livrer les restaurants d’altitude relève de l’anticipation et de l’ingéniosité

Plus encore que dans un centre-ville, l’anticipation est nécessaire pour approvisionner les restaurants d’altitude. Ainsi, le Panoramic, restaurant réputé de Tignes, situé à 3032 m d’altitude, est approvisionné en épicerie, produits secs et boissons dès le mois de septembre. Ce sont 100 à 140 palettes qui sont acheminées en funiculaire ! Les produits frais, qui représentent chaque matin plus d’une tonne, sont approvisionnés de la même façon entre 8h30 et 9h15. D’autres restaurants d’altitude de Tignes, pour leurs approvisionnements quotidiens de produits frais, utilisent les télécabines et même parfois les motoneiges ou les dameuses à partir de 7h du matin !

Les stations comme territoires d’innovation

Les stations de sport d’hiver sont souvent des sites emblématiques.

L’e-commerce arrive-t-il en haut des pistes ?

C’est presque le cas… La corvée des courses dans les stations, après un long trajet et des bagages encombrants n’est pas le meilleur souvenir des vacances aux sports d’hiver. Les livraisons à domicile sont pratiquées par de nombreux supermarchés, comme les 28 magasins Carrefour Montagne. Certains sites proposent la livraison de box toute prêtes dans la plupart des stations.

Mais la livraison à domicile ne concerne pas que l’alimentation. Elle concerne aussi les skis…Certains magasins Sport 2000 proposent un service de livraison de skis évitant ainsi la queue fastidieuse à l’espace de location.

Que ce soit pour les courses alimentaires, les repas ou même le matériel de ski, la livraison trouve sa place comme un service ayant pour objectif d’agrémenter les vacances !

https://www.tignes.net/magazine/article/lapprovisionnement-des-restaurants-daltitude

https://www.serre-chevalier.com/fr/domaine-skiable/transition-energetique-ecologique https://www.mountain-riders.org/app/uploads/2023/03/CHARTE-VF-1.pdf


[1] huile végétale hydrotraitée produite à base de déchets