La logistique urbaine est encore un sujet accessoire dans les programmes des candidats. Pourtant, les initiatives des acteurs économiques pour les sensibiliser aux problèmes de la livraison des centres villes se multiplient. C’est là une bonne nouvelle.

Dans toutes les grandes métropoles, la mobilité constitue un des enjeux mis en valeur dans les programmes des candidats.

Comment mieux partager l’espace public ? Comment intégrer dans la ville les mobilités douces comme le vélo ou les trottinettes ?  Faut-il accepter les nouveaux modes d’accès à la mobilité partagée ? Les transports publics peuvent-ils être plus efficaces et mieux utilisés ?

Le grand absent dans les débats des prochaines élections municipales reste trop souvent la mobilité des marchandises, la livraison du dernier kilomètre.

La livraison des marchandises est pourtant une activité indispensable à la ville. Il n’y a pas de ville sans logistique. C’est grâce à elle que les magasins, restaurants ou bureaux sont approvisionnés, que les particuliers reçoivent leurs colis de produits achetés sur internet. C’est grâce à la logistique que les chantiers de construction sont approvisionnés, que les déchets sont collectés.

Mais la livraison des marchandises a aussi des effets qu’il convient d’améliorer : l’occupation de l’espace public, pour la circulation et le stationnement, les émissions de Gaz à Effet de Serre et de polluants locaux.

Les solutions sont maintenant assez bien connues : mieux consolider les flux, mieux organiser et partager l’espace public pour les livraisons, utiliser des véhicules plus propres, développer des espaces logistiques de proximité, éviter les échecs à la présentation du livreur.  Ce sont là quelques-unes des solutions qui permettent de rendre la livraison urbaine plus efficace et moins impactante pour le territoire et ses habitants.

Les programmes des candidats arrivent trop souvent à des solutions toutes faîtes, des idées reçues. Toutes les marchandises arriveront par le fleuve, ou seront livrées en vélo. Les camions seront tous électriques. Les Poids-Lourds seront interdits…Les professionnels du transport savent que le mode de transport ou le véhicule n’est qu’un élément dans une chaîne plus étendue, caractérisée par des filières différentes, des attentes des clients, des services et des modèles économiques contraints.

Pourtant, certaines initiatives intéressantes apparaissent durant la campagne des élections municipales.

L’Ademe a ainsi produit un guide « Demain mon territoire », à destination des futurs élus. Ce guide comprend une fiche « Livrer plus propre » permettant d’initier le futur élu aux principaux sujets de la logistique urbaine. Cette thématique complexe mérite d’être expliquée afin de susciter des propositions pertinentes et réalistes.

En région PACA, une cinquantaine d’acteurs économiques ont fait des propositions aux différents candidats intégrant notamment un volet visant à « réinventer la logistique dans les cœurs de ville », à Marseille, Aix, Aubagne ou Salon.  Ce collectif propose des pistes de travail concrètes comme l’implantation de petits espaces de stockage de 100 à 300 m² sur le territoire permettant le développement de livraisons en vélocargos. Il propose aussi d’utiliser le tramway la nuit pour la livraison de marchandises.

A Paris, un des candidats propose de rendre les places de livraison « intelligentes » et de pouvoir les réserver. Ce même candidat propose de créer des micro-hubs dans Paris, notamment dans des délaissés urbains sous le boulevard périphérique.

La CCI de Nantes Saint-Nazaire a pris l’initiative de rencontrer les candidats et leur propose d’inclure dans leur programme des systèmes de réservation des places de livraison ou l’accompagnement des transporteurs et commerçants vers une logistique plus propre. Ces propositions se situent dans la continuité des actions déjà menées par Nantes Métropole pour faire émerger des modèles innovants de logistique urbaine.

C’est avec un objectif similaire que la CCI de l’Hérault a présenté un « manifeste pour un développement économique nouvelle génération » à destination des candidats aux élections municipales, qui retient huit thématiques majeures dont la logistique urbaine. Il est notamment proposé dans ce manifeste de redéployer les activités logistiques au cœur des agglomérations, mais aussi de développer des solutions de stock déporté afin de permettre au commerçant de gagner de la surface de vente.

Ces exemples montrent que les acteurs économiques, sur des territoires de plus en plus nombreux, ont compris l’importance de sensibiliser les futurs élus aux enjeux de la logistique urbaine et du dernier kilomètre.

C’est là une bonne nouvelle qui montre que les entreprises sont conscientes des efforts à réaliser, mais affichent aussi des attentes précises à l’égard des futurs élus pour les aider à fluidifier les livraisons et accompagner l’innovation dans la livraison du dernier kilomètre.