La Semaine de l’Innovation du Transport et de la Logistique (SITL) a eu lieu eu 13 au 15 septembre à Paris. Retour sur plusieurs conférences qui ont englobé la logistique urbaine sous toutes ses formes, et sous le spectre de la transition énergétique.

L’édition 2021 de la SITL a rassemblé de nombreux acteurs de la livraison du dernier kilomètre, qu’ils soient des grands prestataires nationaux ou internationaux, mais aussi des acteurs spécialisés. Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué en charge des transports, a inauguré le salon en désignant la logistique du dernier kilomètre comme étant un segment sur lequel il restait « beaucoup à faire ». Ainsi, une « task force ministérielle », réunissant constructeurs et transporteurs, a été créée pour accélérer la transition énergétique et notamment l’équipement en véhicules utilitaires électriques. Il s’agira aussi de proposer prochainement de nouvelles aides et d’accélérer le déploiement de vélocargos.

La cyclologistique était d’ailleurs à l’honneur sur le salon avec plusieurs stands comme ceux des fabricants français K-Ryole, Fleximodal ou Douze Cycles.

Mais la logistique urbaine ne se restreint pas à une simple évolution des motorisations et des typologies de véhicules ! Retour sur quelques conférences de la SITL qui couvrent la multiplicité des orientations d’une logistique urbaine écologique.

Mieux connaître le consommateur et le responsabiliser.

Cette conférence réunissait Hervé Street, Président de Star Service, Laetitia Dablanc (Université Gustave Eiffel), Jean-Michel Genestier, conseiller à la Métropole du Grand Paris et Hervé Dechene (SprintProject). Jean-Michel Genestier a expliqué le rôle que peuvent jouer les collectivités locales pour mieux inciter le consommateur à développer des pratiques vertueuses, limitant l’impact environnemental de ses achats. Cela peut concerner le mode de livraison choisi, l’origine des produits ou les emballages. En devenant consomm’acteur, il agit alors sur les pratiques logistiques. Hervé Street a présenté lors de cette conférence les résultats de l’enquête annuelle réalisée pour Star Services par IFOP sur les attentes des e-consommateurs en matière de livraison. Comment perçoivent-ils la notion de rapidité de la livraison ? Préfèrent-ils une livraison à domicile ou hors domicile ? Sont-ils sensibles à une livraison éco-responsable et sont-ils disposés à changer leurs pratiques ? Ont-ils recours à une plateforme de livraison ? Les résultats de cette étude seront présentés dans un tout prochain article de ce blog.

Intégrer l’immobilier logistique en ville

Lors de la table ronde intitulée « comment concilier logistique urbaine et développement durable ? », JLL a rappelé quelques bases sur les contraintes auxquelles les logisticiens sont confrontés : augmentation du e-commerce et ses conséquences (taux de retours, emballages…), livraisons instantanées, raréfaction du foncier. JLL a souligné que, en moyenne, le e-commerce augmentait par trois la surface de stockage. Ce sont ainsi 400% d’espaces logistiques supplémentaires qui seront nécessaires en France d’ici 2050 !

Il faut donc explorer toutes les possibilités d’intégration de la logistique en ville : points d’accueil marchandises, hôtels logistiques, hubs de livraison, stock de débord, points relais, consignes. Or certains secteurs, comme la logistique pharmaceutique, sont soumis à des urgences et doivent assurer la livraison des clients plusieurs fois par jour. La réhabilitation d’une friche industrielle de 2,5 ha pour créer un bâtiment logistique de 16 000m², à proximité de l’A6, permet désormais à un acteur du secteur pharmaceutique de livrer ses clients parisiens en véhicules utilitaires électriques. L’immobilier logistique intégré peut donc contribuer à verdir la logistique du dernier kilomètre, même dans ces cas de livraison urgente.

La satisfaction client avant tout

Patrick Lemesle, directeur de Notico Deliv, a présenté « les challenges de la livraison du dernier kilomètre et comment y répondre ». Impactée par l’évolution des modes de consommation, la logistique urbaine doit également rendre des comptes sur la satisfaction client, B2B et B2C.

La digitalisation peut aider à atteindre cet objectif du « Delivery in full of time » grâce à un créneau horaire de livraison respecté. La solution présentée permet d’orienter le consommateur à choisir un créneau de livraison dans une tournée presque pleine. Cet outil digital permet alors d’optimiser le remplissage des véhicules et de réduire les coûts. Pour « faire mieux, moins cher et avec des coûts qui augmentent », les outils de pré-optimisation de tournées sont de véritables alliés des transporteurs.  La digitalisation se complète d’évolutions réglementaires visant à verdir la logistique urbaine.

Entre évolutions réglementaires et réalité opérationnelle

Animée par Jérôme Libeskind, la conférence « Logistique zéro émission : que veulent les métropoles ? » a permis à des acteurs publics et économiques de rapprocher les évolutions réglementaires aux réalités opérationnelles des transporteurs.

Jean-Michel Genestier, conseiller à la Métropole du Grand Paris délégué à la logistique métropolitaine, a ainsi rappelé qu’il fallait « faciliter le travail des logisticiens pour qu’ils puissent être encore plus vertueux et pertinents sur le plan économique ». Il a plaidé pour réserver dans les PLU des espaces logistiques dédiés en ville et pour soutenir financièrement les acteurs les plus fragiles. Par ailleurs, la ZFE a pour ambition de réduire l’impact sanitaire de la circulation automobile et des véhicules de livraison sur les franciliens.

Afin d’accompagner les acteurs publics, le programme interLUD, représenté par Marion Cottet (chargée d’études logistique urbaine durable), permet d’accompagner les collectivités locales pour mettre en place une charte de logistique urbaine. 6 collectivités sont actuellement engagées.

En parallèle, Philippe de Clermont-Tonnerre, vice-président de la commission logistique urbaine de TLF, a rappelé que les transporteurs étaient conscients que l’évolution des motorisations sera inévitable. Il a toutefois pointé les difficultés du choix des motorisations, le manque d’offres industrielles et le maillage insuffisant en stations de ravitaillement en énergies alternatives. Ce dernier point a également été évoqué par Christophe Schmitt, directeur des relations institutionnelles du groupe Heppner, qui constate parfois plus d’une heure d’attente pour faire un plein de GNV.

Le déploiement de la multimodalité au travers de la cyclologistique, mais également du rail-route estimé comme « tout à fait envisageable en ville et complémentaire au fluvial » compte également parmi les axes de travail pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. En marge de cette conférence, M. Genestier s’est fait remettre par le Gatmarif le livre blanc de la logistique urbaine.

Acteurs institutionnels et économiques sont donc pleinement investis dans la transition énergétique. Il reste toutefois nécessaire que le dialogue et la collaboration s’instaurent de manière éclairée et apaisée entre eux afin que les évolutions réglementaires définies soient les plus pertinentes sur les plans écologique et économique.