La décarbonation consiste pour une entreprise, un pays, une économie, à limiter et réduire ses émissions de gaz à effet de serre. En France, dans le contexte de « France Relance », des mesures de décarbonation de l’industrie ont été lancées avec pour objectif « d’accompagner les entreprises industrielles dans l’investissement d’équipements et de procédés moins émetteurs de CO2 ». Ainsi, une enveloppe de 1,2 milliard d’euros d’ici 2022 a été prévue par le gouvernement pour « améliorer l’efficacité énergétique, faire évoluer les procédés de fabrication, notamment par le biais de l’électrification et décarboner la production de chaleur » et un appel à projets lancé le 11 mars dernier.

Logistique et transport : une prise de conscience et des actions

Plus précisément, en matière de logistique et de transport, qu’en est-il ? Le sujet est fort et pris à bras le corps depuis plusieurs années par les acteurs du secteur et experts du dernier kilomètre. Selon Aurélien Bigo, chercheur associé à la Chaire Énergie et Prospérité, cinq facteurs pourraient agir sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre des transports :

  • Le report modal vers les modes de déplacement bas carbone,
  • Le remplissage des véhicules,
  • L’efficacité énergétique des véhicules (réduire leur consommation par kilomètre parcouru),
  • La décarbonation de l’énergie utilisée.

Flottes propres et décarbonées (vélos, triporteurs, véhicules à hydrogène…), outils d’optimisation de tournées, réduction des retours à vide, amélioration des taux de remplissage des camions, ces nombreuses actions ont d’ores et déjà été initiées par les professionnels du transport, de la logistique et du dernier kilomètre. Ces dernières participent ainsi à limiter et réduire les émissions de gaz à effet. Parallèlement, des modèles de logistique collaboratifs et multimodaux tels que celui initié par Nestlé Waters France voient le jour. Sur ce dernier projet, le résultat est parlant : « aucun kilomètre perdu pour le transport de palettes avec la suppression de 3 700 camions annuellement, soit une réduction des émissions de 600 tonnes d’équivalent CO2 », détaille le média Voxlog sur son site.

Vers une décarbonation totale des transports de marchandises en ville ?

Un groupe de travail, le Deep Decarbonization Pathways (DDP), composé de l’IFSTTAR, du CIRED, d’EDF R&D et de l’Iddri mène notamment une réflexion sur la décarbonation du transport de marchandises en France. Le rapport dédié, baptisé, Trajectoires de décarbonation profonde du transport de marchandises, comprend deux scénarios pour atteindre la décarbonation complète du transport de marchandises en 2050, basés sur piliers différents. « Le premier scénario repose essentiellement sur des piliers énergétiques liés à l’amélioration des consommations d’énergie des véhicules et à l’usage exclusif de sources d’énergies décarbonées, et ce malgré une augmentation de la demande de transport de marchandises. Le second scénario repose quant à lui sur une répartition plus équilibrée des efforts entre les différents piliers de la décarbonation et met également l’accent sur les changements potentiels dans la structure de la demande de marchandises, que ce soit en quantités ou en distances parcourues », explique le groupe de travail.

Et si ces deux scénarios « se distinguent également par leurs conséquences sur d’autres critères de durabilité», ils concluent néanmoins à une décarbonation totale du transport de marchandises terrestres.

Sources :