Signée par la FEVAD et 14 entreprises du e-commerce, la Charte d’engagement pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne vise à rendre ce secteur plus vertueux. Réduction des emballages, développement des bonnes pratiques de livraison ou meilleure information du consommateur constituent des orientations clés de ce document cadre qui vise à verdir la logistique e-commerce.

Dans le prolongement du rapport « Pour un développement durable du commerce en ligne » publié le 11 mars 2021, dont nous avons parlé dans un précédent article, la présidente de France Logistique Anne-Marie Idrac et le Commissaire général de France Stratégie, M. Gilles de Margerie, se sont vu attribuer une mission de concertation avec les acteurs de l’immobilier (représentés par Afilog) et du e-commerce (représentés par la FEVAD).

L’objectif est de relever les engagements volontaires que les professionnels du secteur sont prêts à appliquer, dans le but, entre autres, de réduire leur impact environnemental et d’inciter les consommateurs à tendre vers des comportements plus responsables. Le processus de concertation a conduit à l’élaboration de deux chartes d’engagements qui ont été signées le 28 juillet 2021 au ministère de la transition écologique.

La première, intitulée « Charte d’engagements réciproques entre l’état et les membres de l’association AFILOG, acteurs de l’immobilier logistique pour la performance environnementale et économique de l’immobilier logistique français » traite de l’immobilier logistique, et la seconde, « Charte d’engagements pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne », porte sur les bonnes pratiques logistiques et d’achat en ligne.

Vers des projets immobiliers logistiques plus vertueux

La charte pour la performance environnementale et économique de l’immobilier logistique propose des engagements tant du côté des acteurs de l’immobilier que de l’Etat. Le document rappelle que « la relance économique et notamment industrielle passe par une logistique de proximité » et que « la logistique et la distribution urbaine » doivent être réalisées « par des entrepôts implantés au plus près des pôles et centralités ». Cela est d’autant plus nécessaire avec l’essor du e-commerce qui complexifie la logistique du dernier kilomètre. L’implication des consommateurs est alors indispensable.

La charte encourage la mise en place de dialogue constructif entre les parties prenantes d’un projet immobilier logistique et la promotion de solutions respectueuses de l’environnement dans toutes les étapes du cycle de vie des bâtiments.

Sensibiliser et informer le consommateur

La charte d’engagements pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne[1] propose plusieurs leviers pour intégrer le consommateur dans une démarche écologique, dès le choix du produit jusqu’à la livraison et le traitement des emballages.

Ainsi, dès le 1er janvier 2023, les signataires s’engagent à proposer plusieurs modalités de livraison de colis en précisant l’impact environnemental de chacune sur la base des résultats des travaux de l’ADEME. Il s’agit également de réduire le nombre de retours, en n’incitant pas le consommateur à commander plusieurs références d’un même produit par exemple. La charte intervient aussi en amont, au niveau du produit en lui-même, car les signataires s’engagent à « offrir au consommateur la possibilité d’identifier les produits du catalogue au meilleur bilan environnemental » dès le 1er septembre 2022, notamment en raison de leur lieu de production. La charte met ici l’accent sur un sujet sensible. Trop souvent, l’e-consommateur ne dispose pas d’informations sur l’origine du produit qu’il achète. Un produit provenant d’Asie a nécessairement un impact environnemental plus important que le même produit provenant d’un territoire de proximité.

Agir sur la réduction des emballages et leur volume.

Une des principales critiques vis-à-vis du commerce électronique est l’augmentation du volume transporté du fait d’emballages souvent disproportionnés par rapport au volume des produits eux-mêmes. Cette augmentation de volume a pour conséquence des véhicules plus nombreux sur la route. Cette charte engage ses signataires à conduire des actions de réduction des volumes des emballages et quand cela est possible, à supprimer le suremballage. L’emballage commercial du produit est souvent suffisamment résistant pour servir lui-même d’emballage de transport. Notons toutefois que l’objectif mentionné d’engagement d’actions dans ce sens « pour au moins 75% des produits ou des colis d’ici au 31 décembre 2024 » reste assez peu contraignant. Il s’agit toutefois là d’un premier pas qui, souhaitons-le, soit suivi d’actions concrètes en ce sens. Ces actions permettront in fine de réduire la part de vide transporté et de rendre la logistique urbaine plus efficiente.

La charte incite les e-marchands signataires à utiliser des emballages en matière recyclée, recyclable ou réutilisable. Elle reste à ce stade très générale mais le fait de mentionner ce point montre que des efforts souvent simples restent encore à réaliser dans ce secteur dont l’impact environnemental commence à être montré du doigt. Les consignes de tri et de réemploi seront aussi encouragées auprès du consommateur.

Encourager les bonnes pratiques de livraison

Pour rendre la livraison écologique, un des engagements de cette charte consiste à « regrouper systématiquement l’expédition des produits commandés en même temps par un même consommateur » lorsque cela est possible (hors livraison urgente).

La charte encourage également le développement de modes de livraison décarbonés, en augmentant la part de véhicules utilitaires à faibles émissions et la cyclologistique pour la logistique du dernier kilomètre. Enfin, la démarche fret 21 du programme EVE de l’ADEME est recommandée.

Ces deux chartes constituent une première étape pour favoriser l’e-commerce durable et inciter l’engagement d’autres acteurs du e-commerce. Toutefois, aucune sanction n’est prévue en cas de non-respect du dispositif par les signataires : le comité de suivi pourra simplement retirer de la liste les entreprises qui ne respectent pas leurs engagements. Le pari du volontariat suffira-t-il à engager les acteurs dans une démarche de logistique e-commerce durable ?

En tout cas, saluons ce premier pas qui a comme premier résultat de fédérer les principaux acteurs concernés autour de l’impact environnemental de leurs activités.


[1] https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/charte_dengagements_pour_la_reduction_de_limpact_environnemental_du_commerce_en_ligne.pdf