Pour réduire l’impact environnemental du dernier kilomètre, consolider les livraisons est une nécessité. Les initiatives et projets de recherche ne manquent pas. Ils mettent toutefois en évidence la nécessité de disposer d’espaces logistiques urbains dans les villes afin d’organiser les tournées et de livrer en véhicules propres.
La consolidation des flux est le cœur de la logistique urbaine. Comment livrer de façon plus efficiente, en effectuant avec les mêmes véhicules moins de kilomètres et plus de livraisons ? Comment mieux regrouper les envois afin de limiter les livraisons de volumes unitaires de plus en plus réduits ?
Les bonnes initiatives et projets de recherche ne manquent pas. L’e-commerce est souvent montré du doigt, ayant pour effet une fragmentation accélérée des flux. Au lieu de livrer des palettes à des magasins, l’e-commerce a pour effet de livrer des colis de valeur unitaire de plus en plus réduite, à des particuliers.
Pour mieux consolider les flux, il faut livrer moins vite
Le problème concerne en particulier la rapidité de la livraison. Plus le délai de livraison est court, moins il est facile de consolider les flux. Une livraison de colis en une demi-heure ne laisse la place à aucune solution de mutualisation des flux.
Contrairement aux idées reçues, la livraison rapide n’est pas toujours ce que souhaite le consommateur. L’enquête IFOP / Star Service sur les attentes des e-consommateurs montre d’ailleurs que les consommateurs privilégient des créneaux de livraison et le respect des engagements. La livraison « instantanée » n’est pas forcément ce qu’ils souhaitent.
Amazon l’a bien compris, en imaginant en 2018 le service Amazon Day, qui propose à l’e-consommateur de choisir son jour de livraison en fonction de ses contraintes. Amazon lui livre, de façon regroupée, l’ensemble de ses achats, réduisant ainsi le nombre de livraisons de colis. Ce service testé aux Etats-Unis s’intègre dans la politique environnementale du groupe qui vise à réaliser en 2030 la moitié des livraisons en « zéro carbone ».
Le récent appel à projets Translog lancé par l’ADEME a mis en évidence des initiatives de mutualisation des flux. C’est par exemple le cas du GIE Culture Raisonnée Contrôlée, qui a proposé de mettre en place une solution numérique basée sur des algorithmes de routage des flux pour optimiser l’approvisionnement des magasins en produits laitiers. Cette solution dénommée « Auptilait » (Auchan optimisation lait) permettra aussi d’améliorer la disponibilité des produits dans les magasins et de réduire les coûts logistiques.
Des espaces logistiques urbains sont nécessaires
Le cadre réglementaire des agglomérations, et notamment des centres villes, est de plus en plus contraint. Les politiques de logistiques urbaine se mettent progressivement en place, ainsi que les Zones à Faibles Emissions, sujet récemment évoqué dans ce blog.
La mutualisation des flux, nécessaire pour mieux organiser la livraison du dernier kilomètre, est réalisée dans des espaces qui permettent de changer de mode de transport, afin de livrer les centres villes en modes doux, véhicules électriques, au GNV ou en vélocargos.
Alors que le commerce physique connait dans les villes de grandes difficultés, le rapprochement de la logistique urbaine des centres villes constitue une opportunité.
Micro-dépôts, comme celui testé à Berlin avec le projet Komodo, espaces logistiques de proximité comme celui réalisé par Sogaris Porte de Pantin ou hôtel logistique, à l’instar de celui construit à Lyon Gerland (boulevard de l’artillerie) : les solutions pour accueillir la logistique urbaine sont multiples.
Mais au-delà des initiatives privées, les acteurs publics doivent faciliter l’implantation de solutions de consolidation des flux en utilisant des locaux potentiellement disponibles, des délaissés urbains, ou en adaptant les PLU afin de réserver des espaces à la logistique urbaine.
Un des lauréats de l’appel à projets Translog de l’ADEME, les sociétés Synox et Services Ecusson Vert, ont proposé le projet E-Logurba qui ambitionne de connecter des micro-dépôts pour mutualiser les réserves foncières intermédiaires des villes à travers une plateforme métropolitaine commune pour maximiser l’utilisation des modes doux dans la logistique urbaine.
Plus que jamais, la connaissance du foncier et de l’immobilier urbain apportera des solutions pour mieux mutualiser les livraisons du dernier kilomètre.
Sources :
Newsletter Supply Chain Magazine n° 3229 http://supplychainmagazine.fr/NL/2020/3229/index.html