Des efforts de communication ont été déployés par les collectivités pour anticiper la logistique urbaine pendant les Jeux. Les professionnels du transport et les établissements économiques se sont préparés et adaptés. Retour sur les actions mises en œuvre !

Les Jeux ont eu pour conséquence l’augmentation du nombre de visiteurs et en conséquence des livraisons en Ile-de-France. 11 millions de visiteurs ont pu profiter de l’évènement représentant alors 11 millions de consommateurs…

Comment les collectivités et les professionnels ont anticipé la logistique urbaine pendant les Jeux ? Quelles pratiques ont été mises en place et constituent un héritage ?

L’anticipation publique

Peu d’évènements de cette envergure ont fait l’objet d’autant d’attention et d’anticipation. Préfecture de Police, ministère des Transports et collectivités locales se sont mobilisées pendant de longs mois pour faire en sorte que, malgré les contraintes, les commerces et les habitants soient approvisionnés. La logistique du dernier kilomètre était en tension, avec des contraintes et des flux plus importants qu’à l’ordinaire.

Le 24 septembre s’est déroulé un atelier de restitution des équipes ayant développé les outils informatiques prévus pour aider les professionnels de la livraison du dernier kilomètre, les communes et les commerçants. L’objectif était de comprendre comment les acteurs publics, notamment la Ville de Paris et la Métropole avaient anticipé les Jeux afin de garantir une continuité de la performance des livraisons, mais aussi d’échanger sur les pratiques.

La Ville de Paris a proposé aux commerçants des aides jusqu’à 10 000€ pour installer des sas permettant de réaliser des livraisons de nuit. Elle a également mené des actions de communication auprès des professionnels, recommandé les livraisons en horaires décalés, publié des informations sur le site www.paris.fr  et a organisé des interventions dans chaque mairie d’arrondissement. Un outil d’informations « paris-infos-jeux » a été déployé avec un volet professionnel.

Le ministère des Transports est à l’origine de la plateforme anticiperlesjeux.gouv.fr  proposant des outils à destination des professionnels. La Métropole du Grand Paris a travaillé avec la Préfecture de police, a élaboré des checklists opérationnelles et des brochures à destination des commerçants.

Bien qu’il soit encore tôt pour déterminer l’impact des Jeux sur les changements de pratiques, des retours d’expériences ont été remontés. Les professionnels ont notamment modifié les fréquences de livraison et ont eu recours aux livraisons en horaires décalés. La cyclologistique a été déployée pour livrer les périmètres les plus restreints. Un acteur du e-commerce a encouragé les consommateurs à choisir les consignes automatiques pour la livraison de leurs colis.

Ces adaptations organisationnelles constituent des bonnes pratiques de logistique urbaine.

Et côté transporteurs ?

L’union TLF a publié les résultats d’une enquête[1] émise auprès de ses membres. 54% des répondants affirment n’avoir pas ressenti d’impact des JOP sur leur activité, les autres ayant souvent déploré un effet défavorable, toutefois modéré. La hausse prévue d’activité du segment « café, hôtels et restaurants » n’est pas arrivée avec l’ampleur imaginée sauf dans certains secteurs proches des sites sportifs. La majorité des entreprises témoigne d’une activité conforme aux prévisions, ce qui montre une bonne anticipation des moyens.

56% des répondants ont subi une hausse de leurs coûts d’exploitation du fait des contraintes de circulation. Les principales causes sont le rallongement des délais de livraison et la mise en œuvre de nouvelles organisations. 45% déclarent avoir eu recours à une gestion spécifique des ressources humaines, avec notamment le personnel diurne passé en nocturne. Enfin, d’autres surcoûts sont évoqués comme les charges administratives avec la gestion des QR Codes et le recours à des moyens spécifiques. 

A contrario, lors de l’atelier du 24 septembre, la fédération des grossistes a affirmé que le taux de service n’avait pas baissé. Selon elle, la performance économique décevante a été compensée par une performance logistique. Le travail de communication et d’anticipation a été apprécié.

Quel héritage tirer de cet évènement ?

Les enquêtes en cours, effectuées par le programme InterLUD et la Ville de Paris complèteront de manière plus détaillée la connaissance sur les pratiques de logistique du dernier kilomètre des professionnels pendant les Jeux.

L’outil BAC IDF et sa déclinaison pour les JOP a été conçu pour rendre la réglementation accessible auprès des professionnels. Dès décembre, BAC IDF laissera définitivement place à l’outil DIALOG, piloté par le ministère des Transports, opérant sur l’ensemble de territoire. Dès à présent, toute réglementation déposée par la plateforme deviendra visible sur Waze et Google Maps. Les Jeux ont donc créé une impulsion en faveur de la digitalisation réglementaire. Cet effort doit désormais être pérennisé.

Les outils JOPtimiz ont été massivement utilisés pendant les Jeux. CirQliz (QR code pour les zones rouges) a été utilisé par 4267 entreprises et 8150 utilisateurs pour un total de 45 000 véhicules enregistrés. Ces QR codes pourraient être réutilisés lors de nouveaux événements.

Enfin, les efforts d’anticipation et de communication appréciés par les professionnels pourront être déployés dans le cadre de projets structurants, comme la future Zone à Trafic Limité parisienne. Les Jeux nous ont montré que les contraintes réglementaires doivent être anticipées et coconstruites afin qu’elles soient intégrées par les professionnels et appliquées en maintenant les équilibres de service et de coût.


[1] https://e-tlf.com/nos-actualites/les-resultats-de-lenquete-de-lunion-tlf-sur-les-impacts-des-jo-sur-les-transports-et-la-logistique/