Le 22 décembre dernier, la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a annoncé soutenir neuf nouveaux programmes innovants dans le cadre du dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE). Trois d’entre eux concernent la logistique durable et la livraison du dernier kilomètre.

LUD + : un programme dans la continuité d’InterLUD

Le programme LUD +, d’une durée de 4 ans, se présente comme la continuité du programme InterLUD, qui arrive à son terme. L’objectif, au travers de ce programme est notamment d’accompagner des collectivités locales (EPCI) sur tout le territoire pour la réalisation de diagnostics et de plans d’actions de logistique urbaine. Le programme InterLUD a présenté ses résultats lors de la 2ème rencontre nationale le 4 octobre dernier. Cette journée très dense, ponctuée d’ateliers et de tables-rondes, a permis de faire le point sur les 43 collectivités qui se sont engagées dans cette démarche. Nombre de ces collectivités se sont intéressées à la logistique urbaine pour la première fois grâce à cette initiative. Ce programme leur a ainsi permis de financer un diagnostic de logistique urbaine sur leur territoire, de mettre en place des ateliers de concertation aboutissant à la co-construction d’un plan d’actions. Ultérieurement, certaines de ces collectivités finaliseront cette démarche par une charte locale afin d’engager un peu plus les acteurs vers la réalisation des actions ciblées.

Si les grandes métropoles s’intéressent à la logistique urbaine depuis assez longtemps, ce n’est pas le cas des agglomérations de taille moyenne. Sur les 43 agglomérations accompagnées dans ce programme, 29 ont moins de 250 000 habitants. Les problématiques dans les agglomérations de taille intermédiaire, comme Lorient ou Châtellerault ne sont pas identiques à celles observées dans les grandes métropoles. Mais les raisons de s’intéresser à la livraison urbaine ont été clairement mises en exergue par ce programme. LUD+ aura pour mission de poursuivre cette démarche et de l’étendre à d’autres agglomérations afin d’atteindre plus d’une centaine d’EPCI. La logistique urbaine sera alors l’affaire de tous !

Marguerite : optimiser les flux de livraison des artisans

Initié par la Fabrique de la Logistique, les Chambres de Métiers de l’Artisanat (CMA France) et les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI métropolitaines), le programme Marguerite vise à infléchir les pratiques de logistique urbaine des opérateurs en compte propre, en premier lieu les flux générés par les artisans et les commerçants. Il s’agit là de la part la moins optimisée de la livraison du dernier kilomètre. La perspective de la mise en place des ZFE dans 43 agglomérations nécessite d’accompagner ces acteurs. Mais les enjeux ne sont pas seulement un changement de motorisation des véhicules. Il s’agit surtout de transformer les pratiques de gestion des approvisionnements et des livraisons urbaines. C’est l’objectif de ce programme, qui vise, dans 6 villes et métropoles partenaires, à accompagner les TPE de l’artisanat et du commerce pour mettre en œuvre des solutions locales de consolidation des flux.

L’objectif de ce programme est de permettre à 1 800 entités de transformer leurs pratiques, mais aussi de sensibiliser 15 000 artisans et d’effectuer 4 200 diagnostics.

L’originalité de ce programme est de s’intéresser aux flux de marchandises des TPE de l’artisanat et du commerce, souvent oubliées dans les politiques publiques mais aussi de répondre à des attentes de plus en plus fréquentes dans les plans d’actions proposés dans les métropoles.

Cyclo-cargologie : faire de la cyclologistique un métier

Porté par l’association « Les boîtes à vélos », ce programme a comme ambition d’engager les donneurs d’ordres de la logistique vers la cyclologistique via leur sensibilisation. Il s’agit aussi de professionnaliser les cyclologisticiens pour faire de cette activité nouvelle un métier reconnu. Le programme s’intéresse aux solutions numériques de gestion du dernier kilomètre en cyclologistique. La cyclologistique a depuis mai 2021 un plan national et depuis novembre dernier une fédération professionnelle. Elle est citée dans de nombreux rapports comme une des solutions permettant de décarboner le dernier kilomètre. Il est donc légitime qu’elle trouve toute sa place dans ce programme national de financement par le dispositif des CEE.

Le programme Cyclo-cargologie ambitionne de sensibiliser 900 entreprises, de former à partir de trois référentiels plus de 1 000 cadres et techniciens à la cyclologistique et de déployer un outil numérique ouvert et mutualisé d’interopérabilité des systèmes d’information des transporteurs.

Au travers de ces trois choix complémentaires, l’Etat donne un signal fort afin de mobiliser des dispositifs financiers permettant de faire de la logistique urbaine une réalité sur les territoires. Continuer à développer des diagnostics et réunions d’échanges avec les professionnels, mettre en œuvre des plans d’actions, cibler en particulier la filière des artisans et commerçants, dynamiser la filière de la cyclologistique : ce sont là des axes de travail qui structurent une démarche forte afin de décarboner la livraison du dernier kilomètre.