Le marché de l’occasion est une tendance de consommation en croissance qui s’inscrit sur le long terme. Mais la réussite des modèles tient beaucoup sur une livraison du dernier kilomètre optimisée. La logistique urbaine accompagne alors la transformation des acteurs du retail.

La sensibilité des consommateurs à des achats plus responsables associée à un pouvoir d’achat contraint fait évoluer les modes de consommation. C’est ainsi que le marché dit de la « seconde main » prend une place de plus en plus prégnante et pousse les acteurs du retail à se transformer. Si la vente de produits d’occasion est devenue simple, la livraison du dernier kilomètre est une tout autre affaire…   

Le e-commerce : vecteur de croissance du marché de l’occasion

Le e-commerce permet de faciliter l’achat et la vente de produits d’occasion. Selon la récente étude menée par KMPG et la FEVAD[1], ce marché représente 7 milliards d’euros en France. Parmi les 20 sites les plus visités en France, Leboncoin se positionne en seconde place et Vinted en 5ème place. En 2021, 91% des Français ont acheté un bien de seconde main. A l’intérieur de ce marché, le secteur de la mode d’occasion suit une tendance particulièrement favorable. Par exemple, la jeune startup Beebs spécialisée dans la vente d’articles de puériculture a levé 6 millions d’euros en octobre 2022. Elle propose la vente de 1,2 millions d’articles de seconde main et compte plus d’un million d’utilisateurs fin 2022.

Comment accompagner sur le plan logistique ce marché en forte croissance, qui représente déjà 10% des achats en ligne de produits ? Dans un premier temps, tout dépend du modèle de la plateforme. Dans le cas des plateformes C2C, ce sont les vendeurs particuliers qui ont la charge d’expédier les produits à l’acheteur ou de planifier un rendez-vous avec lui afin qu’il vienne directement récupérer le bien à une adresse convenue. Il s’agit alors souvent d’un trajet en trace directe non professionnalisé et dont l’impact carbone dépendra du mode de transport utilisé. Dans le cas d’une expédition, le vendeur se soumet la plupart du temps au choix du mode de livraison de l’acheteur, en livraison à domicile ou en point relais.

Les modèles C2B2C, comme Back Market ou Vestiaire Collective, fonctionnent différemment. Le vendeur expédie ses produits en vente dans les entrepôts de la plateforme. La mise en ligne des visuels, de la description des produits ainsi que les expéditions sont prises en charge par la plateforme en faisant appel aux spécialistes de la livraison du dernier kilomètre. Dans ce cas, le produit vendu peut parcourir plus de kilomètres, mais l’externalisation de la logistique assure une bonne optimisation de la logistique du dernier kilomètre, d’autant plus s’il ne s’agit pas d’une livraison instantanée.

La seconde main devient cross-canal

Pour s’adapter aux nouvelles attentes de leurs clients, les grandes enseignes du retail proposent désormais en magasin des rayons d’articles de seconde main de produits de leurs marques. C’est le cas de Decathlon, qui propose également la vente des produits d’occasion sur un site dédié[2]. Dans ce cas précis, il s’agit de click & collect car la livraison à domicile des produits d’occasion n’est pas proposée.  

Des jeunes pousses se sont également approprié le marché de la seconde main et du reconditionnement. Par exemple, la startup  Claquettes market  s’est associée aux enseignes de chaussures Bocage, Mellow Yellow et Eram. Les clients peuvent vendre leurs chaussures non portées ou en très bon état auprès des 3 enseignes partenaires. Les chaussures sont ensuite remises en état et hygiénisées dans l’atelier de l’entreprise situé dans le Maine-et-Loire. Enfin, Claquettes market les prend en photo pour les mettre en vente en ligne ou en magasin. Ce modèle cross-canal repose donc essentiellement sur les opérations de logistique e-commerce.

L’économie circulaire poussée jusqu’au bout de la chaîne

Afin de réduire l’impact de la logistique du dernier kilomètre, les e-commerçants de la seconde main peuvent inciter au choix d’un mode de livraison vertueux. Ainsi, Beebs ne propose que des livraisons en points relais avec son partenaire Mondial Relay. Autre exemple, Vinted privilégie une livraison écologique en déployant son propre réseau de consignes de retrait approvisionné en véhicules électriques. En 2022, la plateforme a acheminé 90% de ses colis en points relais, au travers de ce nouveau réseau mais aussi d’un partenariat avec Mondial Relay. Plus économique et plus écologique, ce mode de livraison de colis séduit les acteurs de la seconde main.

Dans une logique d’économie circulaire, la startup nantaise Umains propose aux acteurs de la distribution et aux e-commerçants de récupérer leurs invendus, surstocks, les retours ou produits défectueux non alimentaires. La startup procède ensuite à la collecte des produits et à leur tri afin d’attribuer des options de valorisation adaptées : dons à des associations, vente dans des ressourceries, à des transformateurs (dits « upcycleurs ») ou encore acheminement vers des circuits de recyclage. Avec son réseau de 300 partenaires, Umains revendique avoir sauvé 4 millions de produits de la destruction en un peu moins d’un an, soit 72 tonnes ! Là encore, le modèle repose sur une logistique optimisée indispensable à l‘accompagnement de ce marché en croissance.

Les acteurs du marché de la seconde main poussent leur démarche jusqu’au dernier maillon de la logistique du dernier kilomètre. La logistique urbaine durable peut alors leur proposer des solutions adaptées dans la continuité des actions et des messages qu’ils portent visant à réduire l’impact carbone de la consommation.


[1] https://www.fevad.com/etude-fevad-x-kpmg-la-seconde-main-au-premier-plan/

[2] https://occasions.decathlon.fr/