L’ADEME a évalué l’empreinte carbone et les émissions de polluants locaux de 14 scénarios de livraison d’un achat e-commerce. Zoom sur la part de la livraison du dernier kilomètre dans la chaîne de distribution.

Alors que la part du e-commerce représentait 14% des ventes du commerce de détail en 2021 en France et que cette part augmente chaque année, l’Ademe et le Ministère de la Transition Ecologique se sont attachés, dans une étude publiée en avril 2023[1], à évaluer de manière quantitative les impacts environnementaux des chaînes logistiques.

Cette analyse de l’impact environnemental du e-commerce est d’autant plus importante que les transporteurs, souvent incités par leurs clients retailers, ont anticipé le changement. Nombre d’entre eux ont fait le choix de développer des solutions différentes de livraison notamment dans les centres villes et d’utiliser des modes de transport alternatifs : cyclologistique et véhicules électriques notamment.

Des transporteurs de plus en plus nombreux ont aussi fait le choix d’encadrer ces décisions d’investissement dans le cadre de la charte d’engagements volontaires Objectif CO2 – les transporteurs s’engagent – charte déployée par l’ADEME.

L’étude mandatée par l’ADEME considère que les émissions moyennes de gaz à effet de serre (GES) sont de l’ordre de 1kgCO2e par colis, ce qui totalise 1 million de tonnes de CO2e pour le milliard de colis annuels en France métropolitaine. Ces émissions calculées intègrent toutes les étapes depuis la commande en ligne jusqu’à la destination finale en intégrant les emballages, la consommation énergétique générée par le numérique, les sites logistiques, les magasins, ainsi que les transports et déplacements des consommateurs[2].

Nous nous attacherons particulièrement à l’impact du transport dans la chaîne de livraison d’un achat en ligne.

Livraison à domicile ou point relais ?

Dans le cas d’une livraison à domicile réussie (scénario 1), l’étude de l’Ademe calcule que la livraison du dernier kilomètre d’une boîte de chaussures représente environ 75gCO2e, soit moins que le poids du transport d’acheminement routier (environ 160gCO2e), et encore moins que le poids des emballages (un peu plus de 250gCO2e). Au total, en incluant d’autres maillons de la chaîne, la livraison à domicile est évaluée à 516gCO2e d’émissions de gaz à effet de serre.

L’étude montre que c’est surtout le déplacement du consommateur, dans l’hypothèse où il se rendrait en voiture uniquement pour récupérer ce colis, par exemple dans une point relais (trajet dédié de 5km aller), qui génère le plus de gaz à effets de serre : plus de 1200gCO2e. Dans ce scénario, les émissions de gaz à effet de serre générée sont estimées à 1815gCO2e, soit 3,5 fois plus que le scénario 1, d’une livraison e-commerce réalisée par un transporteur.

Cette comparaison, basée sur des cas précis, montre que la livraison à domicile, réalisée par des transporteurs qui ont pour fonction d’organiser et de mutualiser les flux, apporte une vraie pertinence environnementale en comparaison avec un déplacement en voiture d’un consommateur.

Quel mode est alors le plus écologique ? L’étude ne permet pas de comparaison « apple to apple ». Tout dépend du comportement des consommateurs et des infrastructures mises à leur disposition, comme des transports en commun ou des points de retrait. L’étude considère l’impact du point relais positivement si le déplacement du consommateur est réalisé en modes doux (à pied, en vélo). Si le déplacement est spécifiquement réalisé en voiture, alors la livraison réalisée par un transporteur est moins émissive.

3 axes de progression pour réduire les émissions de polluants

L’étude de l’ADEME permet cependant d’affirmer certaines conclusions. Le recours aux modes actifs, tant pour le déplacement des consommateurs que pour la société de livraison du dernier kilomètre, par exemple en vélocargo, améliore l’empreinte carbone d’une livraison. Renforcer le maillage des points relais et éviter les échecs à la livraison ainsi que les retours contribuent aussi à réduire les émissions de polluants.

D’autres axes concernent l’amélioration du taux de chargement des véhicules de transport grâce à la réduction de la part du vide et à la suppression du suremballage.  Ainsi, l’idée de moduler le coût de chaque option de livraison pour le consommateur en fonction de sa performance environnementale permettrait de favoriser la livraison écologique. Enfin, le consommateur est invité à regrouper les articles d’une commande en une livraison unique.

Quelles sont les limites d’une telle étude ?

En premier lieu, le fait que le transport entre l’usine et l’entrepôt de stockage soit écarté de l’étude pourrait amener à sous-estimer l’impact d’un achat e-commerce, notamment lorsqu’il s’agit d’articles fabriqués en Asie et directement importés sur le territoire par avion.

Par ailleurs, le scénario 7 qui évalue la livraison rapide au domicile ou sur le lieu de travail d’un consommateur considère un taux de chargement identique à celui d’une livraison à domicile traditionnelle. Cette hypothèse est certainement optimiste dans la mesure où la consolidation des marchandises est plus difficile à atteindre pour des livraisons instantanées.

Comme pour tout sujet relatif aux émissions carbone, cette étude prouve une fois de plus que l’impact du e-commerce ne peut pas faire l’objet d’une moyenne ou d’une généralité. Chaque situation mérite une évaluation personnalisée.

Cette étude confirme l’importance des choix effectués par les acteurs de la livraison du dernier kilomètre qui investissent massivement dans des solutions mieux adaptées à la ville et à ses contraintes environnementales. Une consommation plus soutenable passe alors par des partenaires de livraison qui anticipent ces changements en proposant des solutions plus décarbonées


[1] Commerce en ligne et cimpact environnementaux


[2]Nota : le transport amont entre l’usine de fabrication ou d’assemblage du produit fini et l’entrepôt de stockage du commerçant ne sont toutefois pas inclus.

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