L’année 2022 affiche des chiffres du e-commerce en léger repli. Mais c’est aussi une année charnière sur la construction de solutions de livraison du dernier kilomètre répondant aux exigences de service et de réduction de l’impact environnemental.

Après une croissance continue pendant plus d’une décennie et notamment 32% sur la seule année 2020, le secteur du e-commerce affiche des résultats 2022 en léger repli. C’est là une situation nouvelle pour ce secteur qui nous avait habitués à des taux de croissance à deux chiffres. Les ventes de produits physiques, qui se traduisent par des expéditions de colis, ont connu une baisse de 7%[1]. Cette diminution n’a rien de surprenant, l’année 2022 étant marquée par une contraction de la consommation des ménages de près de 5%[2]. Le repli des ventes sur internet est concentré sur certains secteurs du non-alimentaire, particulièrement touchés par la crise économique. A contrario, la vente de produits de grande consommation sur internet continue de progresser, certes modestement (+1% sur un an), affichant une pérennité des pratiques d’achat des ménages.

Un secteur qui fait preuve de résilience

L’année 2022 voit le nombre d’e-marchands progresser. Avec 5% de croissance du nombre de sites marchands, soit 10 000 sites supplémentaires, l’e-commerce se présente plus que jamais comme un canal de vente permettant aux entreprises de réagir face à la crise économique. Ce nombre significatif de nouveaux sites, issus de commerçants physiques ou de créations d’entreprises, montre la confiance des acteurs dans cette évolution des modes de consommation.

Autre donnée intéressante à analyser, celle du panier moyen. En toute logique, la baisse de la consommation aurait dû se traduire par une baisse du panier moyen. C’est peut-être là l’information la plus étonnante de l’analyse des chiffres publiés pour l’année 2022 par la FEVAD. Le panier moyen, dont la valeur diminue de façon constante depuis de nombreuses années, a augmenté de près de 7% en 2022, atteignant 65 €.

Peut-être est-ce la conséquence des politiques commerciales des sites marchands, qui proposeraient de moins en moins fréquemment des livraisons à domicile offertes ou qui mettraient en place des seuils de gratuité plus élevés ? Cette tendance est en tout cas à suivre et constitue une bonne nouvelle. En effet, elle se traduit par des livraisons un peu mieux consolidées, qui supportent alors plus facilement l’impact du coût du transport.

La livraison hors domicile objet de tous les regards

Les colis générés par le e-commerce, estimés à 1,3 milliard en France en 2022, sont pour la majorité d’entre eux livrés directement au domicile des acheteurs. Mais les services de livraison hors domicile se multiplient afin d’apporter aux consommateurs et aux e-marchands des solutions de proximité de plus en plus nombreuses. Elles permettent aussi de mieux consolider les flux et de réduire l’impact environnemental des livraisons du dernier kilomètre, notamment en cas d’absence du destinataire qui génère alors souvent une double présentation.

La progression du e-commerce mais aussi la part de marché croissante des points relais dans les livraisons de colis a incité les opérateurs à densifier leurs réseaux. De nouveaux réseaux sont apparus et complètent le maillage du territoire ainsi constitué de plusieurs dizaines de milliers de points qui assurent cette fonction, en majorité des commerces. En moyenne, même si ce chiffre varie d’un territoire à l’autre, ce maillage correspond à 1 point relais pour 1000 habitants.

Cette densité de points relais, qui assure un service aux consommateurs, mais qui constitue aussi un lien entre l’e-commerce et le commerce de proximité, est complété par des réseaux de consignes de retrait. Amazon et Pickup ont investi depuis plusieurs années sur ce segment, qui est aujourd’hui convoité par d’autres acteurs tels que Mondial Relay, Vinted ou Aliexpress. Ces casiers automatiques ont une fonction de retrait de colis, mais aussi, de plus en plus souvent d’envoi de colis déjà affranchis.

Un gisement de solutions nouvelles

Le maillage de solutions de livraison de colis hors domicile se complète par d’autres services, permettant aux consommateurs de choisir un mode de livraison en fonction de leurs habitudes et de leurs attentes.

Les solutions hors domicile se développent aussi dans la livraison de produits encombrants : mobilier, électroménager, articles de jardin, etc. A titre d’exemple, la startup Agrikolis, qui a développé un réseau de 300 points relais dans les fermes, vient d’effectuer sa première levée de fonds avec comme objectif un doublement du réseau, mais aussi une extension à d’autres segments comme les produits surgelés.

L’année 2022 a aussi vu émerger de nouveaux modèles dans l’alimentaire, tel que Delipop, réseau de points de retrait multi-enseignes robotisés, apportant dans les quartiers une offre alimentaire de proximité.

Ces initiatives montrent que le dernier kilomètre s’organise afin d’apporter un ensemble de solutions permettant de concilier le service attendu par le consommateur et l’impact environnemental.


[1] Source FEVAD

[2] La consommation de biens manufacturés a diminué en 2022 de 4,6% – source INSEE