A l’approche de l’été et des vacances, de nombreux territoires connaissent de profondes transformations de leur organisation logistique. Décryptons les problèmes posés par les livraisons urbaines durant ces périodes essentielles pour la vie de ces territoires.

Un secteur qui impacte les organisations logistiques des territoires

Le tourisme représentait, avant la crise du Covid-19, 7,25% du PIB de la France[1]. Il concerne 8,7% de l’emploi salarié correspondant à plus de 1,1 million d’emplois dans l’hébergement, les cafés ou les restaurants, les transports, les loisirs.

Mais ce secteur impacte les territoires de façon différenciée. Près de 40% des nuitées concernent les mois de juillet et d’août et 44% les stations du littoral. Ces nombreuses stations balnéaires ou villes du littoral connaissent en période estivale une forte croissance de la population (parfois de 1 à 10) et en conséquence une forte progression des flux logistiques.

Ces flux concernent en tout premier lieu les surfaces commerciales alimentaires, les cafés, hôtels et restaurants. Mais ils impactent également les magasins non alimentaires et même l’e-commerce. Les vacanciers n’hésitent plus à commander sur internet et se faire livrer leurs colis sur leurs lieux de vacances.

Une autre filière logistique est fortement impactée par le tourisme, la filière inverse des déchets. Ainsi, la ville de Cannes connaît une augmentation du volume d’ordures ménagères de 30% au mois d’août par rapport à la moyenne nationale. D’autres territoires connaissent des évolutions encore plus significatives.

Livraison à domicile et e-commerce sont des pratiques courantes

La congestion urbaine et la pollution ne sont pas l’apanage des grands pôles urbains. En été, ces impacts environnementaux se déplacent des grandes métropoles vers les stations du littoral. Les villes du littoral, que ce soit en Bretagne, sur la côte d’Azur ou dans le Pays basque se préoccupent de mieux maîtriser les flux logistiques et de réduire leurs impacts.

Cela passe par la consolidation de certains flux et le développement de véhicules de livraison écologique ou de vélocargos. Cela nécessite aussi la mise en place par les distributeurs ou les opérateurs de transport de services spécifiques à destination des vacanciers. Par exemple, la société belge Mobile Locker propose des solutions de consignes de retrait de colis mobiles, qui peuvent s’installer dans les stations de vacances.  Les groupes de grande distribution alimentaire proposent très couramment des services de livraison à domicile, comme dans les grandes villes, et même, pour les plus chanceux, des services de livraison sur les bateaux !

Les acteurs de la grande distribution conçoivent des drives éphémères, mais investissent aussi dans des drives surdimensionnés afin de faire face aux pics de clientèle. En janvier 2021, E. Leclerc a ainsi réalisé à l’île Rousse le plus grand drive de Corse, constitué de 4000 m² et pas moins de 10 pistes pour le retrait des achats.[2]

Mais les vacances sont aussi une occasion de découvrir les produits locaux et de soutenir les initiatives du territoire. Les chambres consulaires ont récemment pris de nombreuses initiatives comme celle de la chambre d’agriculture du Gers qui, sous la bannière « Gmazone, je consomme Gers », a mis en place un service de drive fermier se positionnant dans plusieurs lieux fréquentés et proposant des produits de plusieurs dizaines d’agriculteurs locaux.[3]

Les territoires du littoral s’emparent de la logistique urbaine

Les initiatives et réflexions pour mieux organiser les flux de marchandises sur les territoires impactés par les flux touristiques ne manquent pas. La presqu’île de Quiberon, le second pôle touristique de Bretagne, réfléchit à utiliser le train « tire-bouchon » pour transporter des marchandises.[4] Autre initiative bretonne, celle de Dinan, qui mène une étude avec comme objectif de mieux consolider les flux de marchandises. Bayonne a depuis plusieurs années mis en place un centre de consolidation des flux qui permet de développer des livraisons en vélocargo dans le centre-ville. Ces initiatives, qui nécessitent toutes des mesures incitatives pour les transporteurs du dernier kilomètre et des évolutions réglementaires au plan local, montrent que la logistique urbaine n’est plus exclusive aux grands pôles urbains.

Les leviers de ces initiatives sont environnementaux. Mais il s’agit aussi d’apporter des solutions permettant d’améliorer l’attractivité des territoires et des villes du littoral.


[1] Source DGE 2017

[2] Source https://www.corsematin.com/articles/le-plus-grand-drive-de-corse-ouvre-ses-portes-en-balagne-115015

[3] https://gers.chambre-agriculture.fr/chambre-dagriculture-du-gers/la-covid-19/le-gers-vous-drive/

[4] Source Bretagne Supply Chain https://www.bretagne-supplychain.fr/quiberon-de-lutilite-du-tire-bouchon-pour-lappro/