La reverse logistics est un domaine en croissance, du fait des évolutions des pratiques et des besoins, mais aussi de contraintes réglementaires accrues. Pour chaque segment, la réussite du modèle commercial passe par une livraison urbaine bien maîtrisée.
La reverse logistics ou logistique inverse, revêt de nombreux aspects liés à la réutilisation de produits ou matériaux. La reverse logistics association, association américaine fondée en 2002, en donne une définition très large, qui intègre tous les évènements qui peuvent se produire sur les produits expédiés après la vente. Elle qualifie la reverse logistics de pierre angulaire de l’économie circulaire.
Les retours : une affaire commerciale, mais aussi logistique
La reverse logistics est souvent assimilée aux retours e-commerce, qui s’intègrent dans les obligations de la loi du 17 mars 2014 (Loi Hamon) mais aussi de plus en plus souvent dans les pratiques commerciales des e-marchands. L’essayage à domicile pratiqué par quelques e-marchands importants a tendance à multiplier les flux de livraison de colis, mais constitue pour l’e-marchand un moyen de mieux fidéliser le client.
Mais de nombreux autres aspects de la logistique inverse nécessitent des livraisons adaptées. Dans le secteur de l’habillement, il s’agit des retours de collection deux fois par an, mais aussi de la commercialisation des invendus dans des réseaux spécifiques, outlets et ventes privées, et en dernier ressort dans les solderies pour les produits les moins valorisables. Ces transferts se concrétisent à chaque fois par des opérations de livraison, d’un point de vente ou d’un entrepôt vers une autre organisation commerciale, en magasin physique ou sur internet. L’objectif final est, pour l’enseigne, de maîtriser les stocks et de réduire au maximum l’impact financier de ces retours.
10 millions de tonnes de nourriture jetées chaque année
Contrairement à l’habillement, les invendus alimentaires sont régis par des dispositions légales et en font une des chaînes les plus impactées par la logistique inverse. Cet encadrement légal est bien légitime au regard de l’importance de l’alimentation jetée chaque année en France. Ce volume est estimé à 10 millions de tonnes…[1]
La loi du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire impose l’obligation, pour les magasins de plus de 400 m², de proposer une convention de don à des associations pour la reprise des invendus alimentaires encore consommables. Cela nécessite alors des collectes, souvent quotidiennes, de produits frais afin de les acheminer vers les associations qui remettront ces produits aux personnes dans le besoin. Ainsi, à Bordeaux, l’association l’Atelier Remuménage collecte quotidiennement les invendus alimentaires dans des surfaces alimentaires et, associée à Phenix, les redistribue auprès des « relais Popotes » du CCAS à destination des personnes dans la précarité.
Ces obligations ont été renforcées et étendues à d’autres secteurs, notamment les industriels et la restauration collective, dans le cadre de la loi EGALIM du 21 octobre 2019.
Les points de vente ou de diffusion de produits alimentaires, par exemple la restauration collective ou privée, sont soumis à une obligation légale qui leur impose le tri des biodéchets à la source et leur valorisation par compostage ou méthanisation à partir de 10 tonnes par an. Ce chiffre de 10 tonnes, qui ne correspond qu’à 40 kilos par jour, sera abaissé à 5 tonnes en 2023 et deviendra obligatoire sans seuil minimum dès 2024 pour tous les établissements.[2]
Ces obligations légales se traduisent dans tous les cas par des flux de collecte et de livraison du dernier kilomètre dans un nombre de plus en plus élevé de commerces ou restaurants et vers des filières qui à chaque fois permettront une consommation ou une valorisation environnementale de ces produits.
Il peut alors s’agir de transport sous température dirigée de produits alimentaires ou de de récupération de contenants spécifiques pour les biodéchets, l’huile, etc.
Un terreau de bonnes pratiques
Mais, au-delà des obligations légales, les bonnes pratiques ne manquent pas. Résidus de brasserie utilisés en crackers, fruits invendus transformés en confitures ou pain rassis transformé en cookies… Les idées de startupers passionnés d’économie circulaire sont nombreuses pour donner une seconde vie à des produits invendables.
Mais quel que soit le modèle, l’économie circulaire se traduit par une ressource (le produit retourné ou invendu), une utilisation (un nouveau circuit industriel ou commercial) et une chaîne de livraison urbaine. C’est cette chaîne de collecte et de livraison qui permettra de rendre ce modèle viable.
[1] Source Ademe
[2] Loi du 10 février 2020 relative à l’économie circulaire.