La SITL 2022, qui s’est tenue du 5 au 8 avril, constituait le lieu privilégié de rencontres et d’échanges sur les dernières tendances du secteur. Parmi les 150 conférences et 500 exposants, plusieurs orientations majeures apparaissent concernant la logistique du dernier kilomètre.

Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, a inauguré la SITL en présentant les caractères économiques et écologiques des chaînes de transport et logistique françaises. Elle a présenté les enjeux de gouvernance de la logistique et plaidé pour la prolongation du programme « Logistique Urbaine Durable » (LUD) qui permettra, au niveau local, de soutenir la prise en charge des sujets de logistique urbaine durable.  Elle a également appelé la filière à contribuer à la transition écologique de l’économie française : « les questions de distances, de massification, de motorisations » sont clés, ainsi que le report modal.

La SITL fut donc l’occasion pour les acteurs économiques et institutionnels d’échanger et de présenter leurs démarches en faveur de ces ambitions.

La livraison alimentaire B to C en ligne de mire

Ce segment, qui a connu une croissance effrénée depuis la crise sanitaire de 2020, fait l’objet de toutes les attentions. La conférence du 5 avril « nouvelles formes de commerce alimentaire et livraisons urbaines », qui regroupait Carrefour, Delipop, Star Service et Neo 26 a permis de comprendre la multiplicité des attentes des consommateurs, mais aussi les solutions vertueuses à mettre en place pour s’adapter aux contraintes environnementales. Si les distributeurs, à l’image de Carrefour, multiplient les offres afin de répondre à une demande protéiforme, d’autres acteurs, comme Delipop, s’interrogent sur le modèle le plus viable, tant sur le plan logistique qu’environnemental. Delipop, réseau de collecte multi-acteurs, cherche à consolider les flux en amont afin d’apporter des solutions de retrait de proximité, dans les quartiers. Cette solution permet de réduire l’impact environnemental de plus de 80% par rapport à la livraison à domicile sur le segment du dernier kilomètre. Lors de cette conférence, Hervé Street, Président de Star Service, mentionnait que « la demande du consommateur, c’est d’avoir une livraison qui soit à l’heure », donc sur des créneaux horaires programmés et respectés. Ce n’est pas nécessairement la vitesse que recherche le consommateur, explique Hervé Street. Carrefour, dans une position différente de distributeur présent sur tout le territoire, cherche à diversifier les modes de distribution : drive, drive piéton, livraison à domicile programmée et livraison instantanée.

La nécessité d’une livraison écologique décarbonée fut un fil directeur de cette conférence. Tous les intervenants ont insisté sur la nécessité de livrer en modes doux, par le biais de vélocargos, véhicules électriques ou GNV, voire à pied en fonction des distances.

Les exposants de matériel déployaient sur le salon une offre adaptée à ces tendances.

Réduire l’impact environnemental des livraisons

De nombreux événements sur le salon visaient à mettre en évidence les meilleurs pratiques. Ainsi, Hipli, qui propose un emballage e-commerce réutilisable, est intervenu sur la conférence du 7 avril « e-commerce et réduction des emballages ». L’e-commerce est générateur de volume supplémentaire mais aussi de consommation de carton et de plastique. L’emballage réutilisable permet de répondre à ces problèmes en apportant une solution opérationnelle et simple.

Autre initiative à laquelle a été décernée un Prix de l’Innovation, Open GIE, qui vise à mettre en place une solution universelle d’ouverture des boîtes à colis connectées. Si les boîtes à colis se développent dans les immeubles, les quartiers, les commerces, leur accès au transporteur reste complexe et nécessite une normalisation. C’est là une évolution intéressante à suivre.

Les collectivités locales ne sont pas absentes de ce débat. La conférence du 6 avril sur la logistique urbaine dans les villes moyennes et métropoles intermédiaires, qui a réuni les témoignages d’élus et de responsables de la Ville de Dinan et de Grand Besançon Métropole, a montré que les problématiques du dernier kilomètre concernent tous les territoires urbains. La méthode choisie par ces villes est de réaliser des diagnostics territoriaux et des plans d’actions. Le témoignage d’un acteur de Saint-Malo, les triporteurs malouins, a mis en exergue les attentes des acteurs économiques sur des orientations claires des collectivités, mais aussi sur la mise à disposition de foncier logistique.

Pour répondre à la demande des acteurs privés, plusieurs nouvelles offres de véhicules ont été présentée sur la SITL 2022. C’est le cas de Watea by Michelin, qui propose une offre complète de services de mobilité électrique pour les professionnels et de Flex’n Moov, startup intégrée dans le groupe Gruau, qui propose des solutions techniques avec plusieurs typologies de véhicules électriques ainsi que du matériel de cyclologistique, comme une remorque à assistance électrique, en partenariat avec K-Ryole. Ces innovations tendent à réduire l’empreinte carbone de la logistique du dernier kilomètre du tout en réduisant la pénibilité du travail des livreurs.

La SITL a ainsi présenté la logistique urbaine comme un secteur très porté sur l’innovation et en faveur de la transition écologique, économique et sociale. Les témoignages des territoires accompagnant positivement cette démarche montrent que les initiatives dépassent largement le champ expérimental.