Après un an de déploiement de l’acte 2 du Pacte pour une logistique métropolitaine, la Métropole du Grand Paris a organisé le 29 mars un comité des partenaires pour faire un bilan et initier les travaux futurs. Arrêt sur image…

Cet évènement, qui a rassemblé plus de 150 participants ; élus, institutionnels et acteurs économiques de la Métropole du Grand Paris, a permis de revenir sur les projets qui ont marqué le territoire. Des tables rondes, des pitchs de startups et des initiatives sociales et solidaires ont alimenté la journée.

Retour sur les faits logistiques marquants

Jean-Michel Genestier, conseiller délégué à la Logistique métropolitaine, a introduit cet évènement avec les réalisations les plus marquantes depuis le lancement de l’acte 2 en février 2021. Il est également revenu sur les perspectives 2022 / 2023. Sur le plan de l’immobilier, la réalisation du site P4 de Sogaris à Pantin ainsi que le projet du site Goodman de 90 000 m² prévu pour 2024 à Gennevilliers, faciliteront la logistique du dernier kilomètre francilienne. De plus, une réflexion est en cours pour décliner les orientations logistiques du Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) métropolitain dans les Plans Locaux d’Urbanisme Intercommunaux (PLUi). La Métropole souhaite également lancer un appel à projets logistiques sur une dizaine de sites à un horizon moyen terme. Faisant suite à l’expérimentation d’aires de livraison connectées du 4ieme arrondissement, une expérience similaire devrait être mise en place à Argenteuil. Sur le plan de la transition énergétique, une large enquête a été menée avec la CCI afin de comprendre les attentes des artisans et des commerçants dans le cadre de la ZFE-m. « Enfin, d’ici la fin de l’année nous souhaitons poursuivre le travail débuté dans l’Acte 1 du Pacte, à savoir la simplification et l’homogénéisation des réglementations marchandises. Nos réflexions portent sur 4 zones de la Métropole. Nous sommes un grand pays logistique », a conclu Jean-Michel Genestier.

Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, a rappelé les 3 composantes essentielles du rapport sur la logistique urbaine durable (abordé dans un précédent article). En premier lieu la gouvernance, pour laquelle la Métropole du Grand Paris est précurseur. Ensuite, les aménagements urbains, quelles que soient leurs tailles, car l’éloignement des activités économiques en dehors des villes, cumulé aux faibles disponibilités de foncier et à l’augmentation des loyers complexifient les opérations de livraisons urbaines. Enfin, la circulation et le stationnement des véhicules constituent un enjeu clé, et le calendrier de la ZFE-m devra s’articuler avec la disponibilité de moyens techniques.

Pour finir cette introduction, David Belliard, adjoint à la Mairie de Paris, a rappelé les défis auxquels la logistique urbaine est confrontée, notamment l’explosion des flux, la protection sociale des livreurs et de l’environnement. Des axes ont alors été proposés pour les relever, notamment l’immobilier et la disponibilité de foncier, le partage de l’espace public (avec un engagement de créer 1000 aires de livraison supplémentaires d’ici 2026), l’amélioration des conditions de travail des livreurs et les aides financières pour aider les professionnels à convertir leurs flottes.

Les innovations dans la logistique du dernier kilomètre

Introduite par Geoffroy BOULARD, Vice-Président de la Métropole, la première table ronde sur « l’innovation au service de la transition énergétique » a mis en lumière des initiatives décarbonées pour la logistique du dernier kilomètre. En premier lieu, Phoenix Mobility réalise le rétrofit[1] de véhicules thermiques, notamment des véhicules utilitaires, en véhicules électriques. Deux fois moins polluant par rapport à un achat de véhicule neuf, le rétrofit constitue un levier intéressant pour accélérer le renouvellement des flottes. C’est également dans cette optique que le Groupe Renault transforme son usine de Flins autour du projet « Re-Factory » consacré à l’économie circulaire.

La société Clem’ propose quant à elle une flotte en autopartage à destination des professionnels, notamment les comptes propres, logisticiens et acteurs du e-commerce.

Enfin, l’association des Boîtes à Vélo a rappelé les avantages économiques et environnementaux qu’offre la cyclologistique, tout en confirmant que ces initiatives sont complémentaires au transport de marchandises en camions. Alors que la part modale de la cyclologistique est à ce jour inférieure à 2%, l’association vise 10% de part modale d’ici 3 ans. En support à cette ambition, le programme ColisActiv, présenté en pitch, soutient financièrement et durablement les entreprises de cyclologistique.

Du côté des stands, nous retenons le concept original de collecte hippomobile initié par Les Alchimistes, à Stains. Cette association réalise des tournées de collecte des biodéchets à cheval, avant de les transformer en compost. Voici un formidable vecteur de sensibilisation à l’écologie auprès des habitants.

Le foncier logistique vertueux possible à toutes les échelles

La seconde table ronde intitulée « les nouvelles formes de foncier logistique » a permis de valoriser les différentes initiatives privées et publiques facilitant la logistique urbaine durable, et ce sur différents niveaux d’immobilier logistique.

Prologis a rappelé les bonnes pratiques mises en œuvre dans l’entrepôt XXL livré à Moissy Cramayel pour Samada. L’attractivité du site a été renforcée grâce à une crèche et des bus dédiés qui ont été mis en place pour s’y rendre. Goodman est revenu sur le projet Green Dock, lauréat de l’appel d’offres d’Haropa. Cet entrepôt trimodal (embranché fer, fleuve et route) sur 6 étages, pour réduire l’emprise au sol, permettra de mettre en œuvre des solutions de livraison urbaine décarbonée.

Spécialiste de l’immobilier logistique de proximité, Sogaris a présenté trois projets intégrés dans le tissu urbain, desquels trois enseignements sont tirés : les temps de développement sont longs, les espaces urbains sont contraints, mais cela oblige à innover pour une meilleure intégration dans la ville, et la logistique urbaine peut être une fonction à part entière en ville. C’est sur le dernier maillon d’hyper-proximité de la logistique urbaine que la startup Boks se positionne en proposant des consignes à colis intelligentes et multi acteurs évitant alors les échecs à la livraison. Notons aussi la solution de livraison en l’absence de destinataire KwikWink®, une serrure intelligente, qui permet aux livreurs de déposer les colis dans les logements.

Quelle est la position des acteurs publics ?

Mathieu Defrel, élu de Plaine Commune, a témoigné de la transformation de son territoire qui accueillera 5 gares du Grand Paris Express ainsi que des grands équipements pour les JOP 2024. Une réflexion sous le prisme de la logistique est donc portée sur le territoire, dans un contexte où le ferroviaire a été délaissé et où s’exerce une pression foncière. Ainsi, Plaine Commune souhaite anticiper les enjeux futurs et accompagner les activités logistiques afin qu’elles soient les plus vertueuses possible et augmenter leur acceptabilité auprès des habitants.

Le Maire de Rungis, Bruno Marcillaud, est conscient de présenter un territoire à forte attractivité pour la logistique. Grand Orly Seine Bièvre est en effet le premier territoire logistique métropolitain. Rungis accueille 5600 habitants, mais 40 000 emplois, ce qui présente d’autres contraintes. Selon Bruno Marcillaud, il y a du foncier disponible mais il faut le rendre accessible aux activités de logistique urbaine.

La dynamique de la livraison écologique dans la Métropole du Grand Paris est donc bien lancée et dresse une feuille de route ambitieuse, tant sur les modes de transport que sur l’immobilier. L’initiative de la Métropole du Grand Paris montre qu’il est possible d’avancer en bonne intelligence avec tous les acteurs pour faire de la logistique urbaine durable un atout pour les territoires.


[1] Le rétrofit correspond à la conversion de la motorisation essence ou diesel de véhicules en motorisation électrique. L’homologation du rétrofit est autorisée en France (arrêté ministériel du 13 mars 2020 publié au journal officiel le 3 avril 2020). Le rétrofit bénéficie d’aides publiques sous forme de versement de prime.