La convention Top Transport, qui s’est tenue à Marseille les 18 et 19 octobre, a regroupé 150 exposants. Parmi les nombreux ateliers et conférences qui ponctuaient cet évènement, un fil directeur tissait les échanges : l’adaptation environnementale et économique des entreprises de transport.
Cette convention one to one, qui existe depuis plus de 30 ans, est le rendez-vous incontournable du secteur du transport et de la logistique. Les exposants, prestataires de services, ont pu échanger avec les 330 chargeurs présents sur les offres et les enjeux actuels du marché.
Les 10 conférences et ateliers qui marquaient cet évènement avaient comme lien commun la préoccupation environnementale et économique des entreprises du secteur.
Le prix du transport : un enjeu conjoncturel
La conférence animée par Jean-Paul Meyronneinc sur le prix du transport était centrée autour des témoignages d’Alexis Giret (CNR) et de Xavier Villetard (PwC-BP2R).
Alexis Giret a présenté différents outils et bases de données disponibles sur le site du CNR, qui comprend un vaste champs ressources dédiées au transport de marchandises. Par exemple, l’indice CNR du carburant GNV, énergie utilisée notamment pour les véhicules de livraison du dernier kilomètre, est à ce jour le seul existant à destination des professionnels. Le prix des véhicules a augmenté de 13% et les coûts indirects de personnel ont augmenté de 8,2% par rapport à 2022. Alors que les coûts de l’énergie augmentent de manière très significative, la situation devient plus tendue pour les transporteurs et l’élaboration de leurs stratégies en matière de choix de motorisations pour la logistique urbaine se complexifie.
BP2R présentait des résultats intermédiaires de l’enquête menée chaque année depuis une dizaine d’années auprès des donneurs d’ordre, intitulée « (Re)concilier transport de marchandises et décarbonation ». A la question « La politique d’achat de transport de votre entreprise intègre-t-elle des critères environnementaux et, si oui, quel est leur poids dans le processus de décision ? », 44% des entreprises répondent en mentionnant que ces critères sont importants ou décisifs dans les décisions. En 2021, ce taux n’était que de 38% Ainsi, le critère environnemental de choix d’un transporteur, notamment pour la livraison du dernier kilomètre, est fondamental pour près de la moitié des entreprises.
Par ailleurs, l’enquête révèle une nette dégradation de la rentabilité des entreprises de transport. Alors que le coût de revient des entreprises a crû de 5%, elles n’ont appliqué que 3,8% de hausse des tarifs auprès de leurs clients.
Malgré les évolutions économiques rappelées lors de cette conférence, 74% des entreprises indiquent accélérer le recours à des énergies alternatives, ceci malgré les hausses du coût de l’énergie. Une centaine de participants ont répondu à l’enquête à cette date et il est encore possible d’y contribuer.
Bilan carbone des transports de marchandises : où en sommes-nous ?
La conférence animée par Franck Journo, dont les intervenants étaient notamment Elsa Le Van, économiste des transports de la société ELV Mobilités et Jérôme Libeskind expert en logistique urbaine, avait comme objectif de faire le point sur les enjeux du secteur et les axes de solutions.
La conférence a dans un premier temps permis de rappeler quelques chiffres clés. Le transport est responsable de 31% des émissions de CO2 en France. Selon les chiffres officiels du CITEPA, depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur ont augmenté de 9%, ce qui fait de lui un « mauvais élève ». On observe une augmentation de 30% des marchandises transportées et de 41% du nombre de kilomètres parcourus par les véhicules. Un point positif est tout de même ressorti : alors que les émissions de GES ont augmenté de 9% par rapport à 1990, sur la même période les émissions de particules fines ont baissé de 78%. La réduction des particules fines reste toutefois un enjeu de santé publique.
Plusieurs moyens ont été cités par les intervenants pour atteindre la neutralité carbone en 2050. L’augmentation de la performance énergétique des véhicules permettant de faciliter la livraison écologique, l’amélioration des infrastructures, la réduction de la part des véhicules thermiques, l’aménagement des horaires de circulation pour les livraisons urbaines ainsi qu’une réflexion plus large sur les localisations des commerces ont été abordés.
Le sujet du foncier logistique dans les grandes métropoles, permettant de mettre en œuvre des solutions de livraison du dernier kilomètre en modes doux, notamment en cyclologistique, a fait l’objet d’échanges lors de cette conférence.
Les ateliers d’expert : borne de recharges, hydrogène et optimisation des flux
Parmi les ateliers d’experts, nous avons relevé la solution présentée par la startup Hyliko, qui propose des solutions de Poids-Lourds fonctionnant à l’hydrogène. Le véhicule Hyliko est un Poids-Lourd 26t ou 44t rétrofité, à partir d’un véhicule Renault Truck T.
Autre solution présentée, celle de Chargepoly, qui met en place des solutions de charge électrique rapide multi-véhicules. Enfin, Optidock, présentait une solution intéressante de gestion des prises de rendez-vous transporteurs afin d’optimiser les flux dans un site commercial ou industriel.
Au travers de ces solutions concrètes, l’optimisation des flux et la décarbonation des transports interurbains et des livraisons du dernier kilomètre dépasse le stade expérimental.