Le choix des modes de consommation et de livraison à l’échelle individuelle peut conduire à réduire les externalités négatives induites par la logistique urbaine. La sensibilisation des consommateurs est un élément clé pour optimiser les flux logistiques.

Le meilleur déchet, c’est celui que l’on ne produit pas. Le leitmotiv des 5R « refuser, réduire, réutiliser, recycler, redonner à la terre » appliqué au quotidien de chaque consommateur influence les flux logistiques urbains. Ainsi, tout consommateur impacte directement la logistique urbaine positivement ou négativement selon ses comportements d’achat. Que ce soit au niveau des déchets générés ou du mode de livraison choisi lors d’un achat en ligne, chaque geste quotidien impacte la chaîne logistique.

Sensibiliser les consommateurs

En tant que consommateur, comment savoir par où commencer ? La Métropole du Grand Paris s’est intéressée à ce sujet et a mobilisé 17 familles pendant 7 semaines afin de les sensibiliser sur l’impact de leurs modes de consommation sur la logistique du dernier kilomètre. Ce challenge « Consomm’acteur » s’est décliné en 4 axes.

Le premier consistait à consommer moins de produits suremballés. En effet, diminuer sa production de déchets à l’échelle individuelle permet de réduire le poids de déchets transportés par les camions bennes. Selon l’ADEME[1], une meilleure gestion domestique, le compostage partagé de biodéchets ainsi que le recours à la consigne des contenants en verre constituent des leviers particulièrement efficaces. En 7 semaines, les foyers mobilisés pour le challenge ont réussi à réduire de 5,6% le volume de leurs déchets. Si l’ensemble des 67 millions de français arrivaient à un tel résultat, l’impact logistique serait très significatif ! Un autre aspect de la réduction du suremballage, plus difficile à mesurer, est celui du vide contenu dans les emballages commerciaux. Le vide à l’échelle des produits individuels se traduit en camions sur la route et en conséquence en impact environnemental.

La réduction des kilomètres parcourus par les biens de consommation est le second axe de ce défi. Inciter le consommateur à prendre en compte l’origine des produits dans ses actes d’achats quotidiens constitue un levier d’optimisation de la chaîne logistique et de réduction de son impact environnemental. Lan Anh Vu Hong, dans son récent livre « 100 gestes pour réduire son empreinte carbone »[2] nous indique que « acheter des produits fabriqués localement avec des matériaux locaux est une manière efficace de réduire les émissions de CO² liées au transport de nos biens de consommation ». La vente de denrées alimentaires en circuits courts représente encore une faible part de la consommation mais connaît une forte croissance. Cela concerne notamment la livraison de produits alimentaires frais de proximité.

L’espace urbain consomme plus qu’il ne produit. Le consommateur peut limiter ses achats de produits neufs afin de réduire le poids du transport dans l’acte d’achat. Plusieurs alternatives sont aujourd’hui très accessibles, comme l’achat de produits d’occasion, la réparation, la location, ou encore le prêt et le don. Cela permet de donner une seconde vie aux objets encore utilisables, de ne pas utiliser de nouvelles matières premières et de réduire les kilomètres parcourus.  

Le dernier axe du challenge concerne les décisions du consommateur sur les choix de livraison lors de ses achats e-commerce. Le consommateur peut regrouper ses commandes pour limiter le nombre de livraisons ou opter pour des livraisons sur rendez-vous, évitant ainsi l’échec à la livraison.

Le choix du mode de livraison et sa rapidité

Les livraisons instantanées génèrent des externalités négatives souvent sous-estimées. Le rapport récemment publié par France Stratégie « Pour un développement durable du commerce en ligne » souligne qu’ « à mesure que les délais de livraison raccourcissent (par exemple, de deux jours à un jour, voire à une heure), les émissions de CO2 et de particules fines (NOx) augmentent considérablement ». A l’inverse, le choix d’une livraison « lente » permet d’assurer une certaine massification des flux, et donc de réduire les kilomètres parcourus.

Les offres de livraisons instantanées se développent rapidement, tant au travers des plateformes de livraison de repas que des nouveaux acteurs de dark stores. Pourtant, les différentes études sur les besoins des consommateurs montrent que la fiabilité du service de livraison est plus importante que la rapidité. Le choix d’une livraison de colis sur rendez-vous permet alors de réduire les trajets à vide.

La livraison à domicile est le mode le plus utilisé par les Français, plébiscité par les consommateurs dans 85% des cas. Pourtant, la livraison hors domicile permet de consolider les flux de marchandises. La livraison hors domicile en points relais est le mode le plus utilisé, mais l’usage de consignes automatiques offre également des effets bénéfiques sur la logistique du dernier kilomètre.

Les retours e-commerce impactent l’environnement

Les modalités de retour sont très regardées par les consommateurs lors d’un achat en ligne. La logistique e-commerce est de ce fait très spécifique car les frais de livraison ainsi que le retour en cas de non-satisfaction sont souvent offerts. Cette « gratuité » apparente peut inciter le consommateur à acheter un même article en plusieurs tailles et renvoyer ceux qui ne lui conviennent pas. Le taux de retour estimé du commerce en ligne est d’environ 10% et il peut atteindre jusqu’à 30 % dans certains secteurs notamment l’habillement. Eviter ces comportements abusifs permettent de rendre la livraison de colis plus vertueuse.

Enfin, certains sites internet proposent désormais une livraison en emballage réutilisable, dont les offres disponibles ont été présentées dans un précédent article.

De plus en plus conscients de leur empreinte carbone, les consommateurs sont enclins à agir dans un sens plus respectueux pour l’environnement. Dans le cadre du projet de loi Climat et Résilience, la FEVAD se mobilise afin de mieux informer les « consommateurs sur l’impact environnemental des produits et services vendus en magasin ou sur internet » [3]. Ce point concernera notamment la livraison, ce qui conduira le consommateur à devenir un acteur afin de rendre la livraison urbaine plus vertueuse.


[1] https://fr.calameo.com/read/004599499c936c5f74911

[2] FYP Editions,2021

[3] https://www.fevad.com/projet-de-loi-climat-et-resilience-1er-bilan-du-passage-a-lassemblee-nationale-pour-le-secteur-du-e-commerce/?utm_source=Subscribers+form+%26+pop-up&utm_campaign=24d2fa646d-EMAIL_CAMPAIGN_2019_10_11_09_35_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_5a2c348c93-24d2fa646d-62885580