Le ministère de la Transition écologique a présenté le 3 mai dernier un plan national pour le développement de la cyclologistique en France. Efficace et peu polluante, la cyclologistique constitue une des réponses aux enjeux de la livraison écologique.

Le nombre de livraisons en ville générées par le e-commerce s’est sensiblement accru dans un contexte de pandémie. Les flux de marchandises doivent donc être mieux encadrés afin de réduire les externalités négatives induites. La mission confiée en décembre 2020 par le gouvernement à Jean-Jacques Bolzan, Anne-Marie Idrac et Anne-Marie Jean, à l’issue du premier comité interministériel de la logistique (Cilog), posera les bases de la logistique du dernier kilomètre décarbonée. Par ailleurs, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) impose une réduction de 28 % des émissions de GES du transport en 2030, par rapport à 2015.  Développer la cyclologistique fait partie intégrante des leviers à mobiliser pour y parvenir, d’où la mise en place d’un plan national pour le développement de la cyclologistique.

La réduction des émissions en ligne de mire

Lors de son récent déplacement à Marseille, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a rappelé qu’ « en France, le trafic des véhicules utilitaires légers (VUL) a augmenté de 57% depuis 1990, avec des émissions de GES en augmentation de 38% ». Or le ministère rappelle qu’ « à titre d’exemple, un vélo cargo triporteur possédant une caisse de 1500 litres émet 85 % de CO2 en moins par rapport à un véhicule thermique ayant une capacité similaire.»

Par ailleurs, au-delà des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, à Paris, le trafic de marchandises génère 45 % des particules fines émises par le secteur des transports alors qu’il ne représente qu’entre 15% et 20% du trafic.

4 axes pour une mobilité propre

Le plan proposé se décline en quatre axes :

  • Favoriser l’accélération des activités de livraison à vélo et triporteur
  • Mobiliser les parties prenantes
  • Faciliter la cyclologistique en ville
  • Développer l’innovation urbaine et l’open data

Le plan rappelle ainsi les dispositifs existants qui accompagnent la logistique urbaine décarbonée. Par exemple, 4 villes « test » bénéficient actuellement du projet ColiActiv, qui soutient financièrement la livraison de colis en vélocargos afin de réduire le surcoût par rapport aux véhicules thermiques. Ce programme sera étendu dès juin 2021 à toutes les villes ayant mis en place une ZFE, ou qui prévoient d’en créer une en 2021. Le programme « Ma Cycloentreprise » facilite la création de microentreprises dans le champ de l’économie sociale et solidaire. Enfin, dans le cadre de la loi climat résilience, une prime à la conversion pour remplacer un véhicule ancien par un vélo à assistance électrique sera proposée. Ce sont au total 12 millions d’euros qui ont été alloués à ces trois dispositifs.

Concernant le second axe, le plan incite les services publics à faire preuve d’exemplarité, notamment en favorisant les initiatives de cyclologistique au travers des appels d’offres publics. Il s’agit également de développer des offres d’assurances spécifiques, actuellement peu adaptées aux besoins des logisticiens à vélo ou aux garanties insuffisantes. Enfin, il convient d’engager les principaux acteurs de la logistique du dernier kilomètre, qui gèrent à eux seuls 90% des livraisons de colis, vers l’utilisation de vélocargos.

Remettre la logistique au cœur des villes

Pour développer la cyclologistique en ville, il est essentiel d’allouer des espaces logistiques de proximité aux acteurs de la livraison écologique. Les surfaces étant rares ou chères, l’immobilier est un frein à l’essor de la cyclologistique dans les cœurs de ville. Malgré les nombreuses initiatives, qui ont été évoquées dans un précédent article, visant à exploiter les espaces sous-utilisés ou délaissés, les logisticiens ont plus que jamais besoin du soutien des collectivités pour se rapprocher des centres urbains. Le plan national pour le développement de la cyclologistique visera à faciliter l’allocation de locaux.

Le plan pour la cyclologistique mentionne d’autres freins au développement de cette forme de livraison urbaine. Il s’agit notamment du manque d’infrastructures cyclables. Il faut ici noter que souvent, l’installation de potelets ou de surélévations sur les voies, qui visent à sécuriser les cyclistes, compliquent la circulation des vélocargos. Au-delà du partage de l’espace, la mise en place de réglementations incitatives permettra de limiter la circulation de véhicules thermiques et encombrants en ville.

Enfin, le plan appuie les initiatives d’innovation digitale en faveur de la cyclologistique, que ce soit pour l’optimisation des tournées, le calcul d’itinéraires, la disponibilité de places de livraison ou encore la largeur des pistes cyclables. Les vélocargos peuvent également « être utilisés comme support pour différents types de capteurs », à l’instar du projet Diams (Digital alliance for Marseille sustainability), qui consiste à installer des micro capteurs analysant la qualité de l’air sur les vélocargos des coursiers.

Une meilleure connaissance des usages de la cyclologistique est essentielle pour la promouvoir. Une enquête est en cours, en partenariat avec, entre autres, l’association Les Boîtes à Vélo et l’ADEME pour mieux comprendre les pratiques de la logistique du dernier kilomètre à vélo.

Le plan national pour le développement de la cyclologistique constitue une première étape clé dans l’essor d’une  logistique urbaine vertueuse. Il conviendra toutefois d’y intégrer un volet social, par exemple au travers d’une régulation de la plateformisation des livraisons à vélo. Le soutien au développement d’un maillage suffisant de services de réparation des vélocargos contribuerait aussi à l’essor de la cyclologistique.

Sources :

https://www.ecologie.gouv.fr/barbara-pompili-et-jean-baptiste-djebbari-presentent-plan-national-developpement-cyclo-logistique

https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/210503_dp-Plan-developpement-cyclo-logistique.pdf